Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/485

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Redgauntlet, quand même toutes vos troupes, et je suppose que tel est le cas, cerneraient la maison.

— Assurément je ne suis pas venu sans escorte, répliqua le général ; mais consentez à m’écouter…

— Écoutez-moi vous-même, monsieur, » dit le royal aventurier en s’avançant vers lui. » Je suppose que je suis le but auquel vous voulez atteindre ; — je me livre volontairement à vous, pour sauver ces messieurs du péril : — Que cette conduite leur profite du moins. »

« Jamais, jamais ! » fut le cri qui partit du petit groupe de partisans qui entouraient le malheureux prince ; ils auraient saisi et frappé Campbell, s’il ne fût pas resté les bras croisés et avec un air qui indiquait plutôt son impatience de ne pouvoir se faire écouter, que la moindre crainte de violence personnelle.

Enfin il obtint un moment de silence. « Je ne connais pas monsieur, » dit-il en faisant un profond salut à Charles-Édouard ; « je ne désire pas savoir qui il est ; c’est une connaissance qui n’est à souhaiter ni pour moi ni pour lui.

— Nos ancêtres pourtant se sont bien connus, répliqua Charles, ne pouvant chasser, même à cette heure d’alarme et de péril, les pénibles souvenirs de sa royauté déchue.

« En un mot, général Campbell, dit Redgauntlet, nous apportez-vous la paix ou la guerre ? — Vous êtes un homme d’honneur, et nous pouvons nous fier à vous.

— Je vous remercie, monsieur, dit le général, et la réponse à votre question dépend de vous-mêmes. Allons, ne soyez pas insensés, messieurs. Il n’y a peut-être pas grand mal de commis ni même de projeté dans le fait de votre réunion en cet obscur cabaret, pour un combat d’ours ou de coqs, pour tout autre amusement auquel vous pouvez avoir songé ; mais il était assez imprudent de vous réunir, vu les sentiments qu’on vous connaît à l’égard du gouvernement. Ce rendez-vous a causé quelque inquiétude ; des rapports exagérés sur vos projets ont été soumis aux magistrats par un traître admis dans vos réunions ; et l’on m’a envoyé à la hâte prendre le commandement d’un corps de troupes suffisant, dans le cas où ces calomnies se trouveraient avoir un fondement réel. Je suis donc venu ici convenablement escorté par de la cavalerie et de l’infanterie, pour agir au besoin. Mais j’ai reçu l’ordre, — et cet ordre est certainement d’accord avec mon inclination, — de ne faire aucune arrestation, ni même aucune enquête, si les honorables personnages qui sont ici rassemblés veulent bien regarder comme de leur intérêt d’abandonner l’entreprise qu’ils ont conçue, et de s’en retourner tranquillement chacun chez soi.