— Je n’osais rester à la maison, crainte des constables.
— Et qu’avez-vous fait tout ce temps-là ?
— Ce que j’ai fait, monsieur ? — Je ne sais pas ce que vous appelez faire, — je n’ai rien fait, » répondit d’abord Benjie ; mais lisant dans les yeux de Redgauntlet qu’il parlait sérieusement, il ajouta : « j’étais à la suite de maître Cristal Nixon.
— Hum ! — oui, — en effet, murmura Redgauntlet. Maître Nixon doit-il donc mettre aussi ses gens en campagne ? — Voyons donc cela. »
Il allait continuer ses questions lorsque Nixon lui-même vint le trouver l’air tout inquiet. « Le père est arrivé, » dit-il tout bas à son maître, « et les gentilshommes sont réunis dans la plus vaste salle de cette maison ; ils désirent vous voir. Il y a aussi votre neveu qui fait du tapage comme un fou de Bedlam.
— Je vais m’occuper de tout cela à l’instant même, répondit Redgauntlet. Le père est-il logé, comme j’avais ordonné qu’il le fût ? »
Cristal fit un signe affirmatif.
« Nous voici donc au dénoûment ! » dit Redgauntlet. Il croisa les mains, — leva les yeux au ciel, — se signa, — et après cet acte de dévotion, le premier peut-être qu’on lui vît faire, il recommanda à Nixon de faire bonne garde, — de tenir ses chevaux et ses hommes prêts en cas de besoin, — de veiller à ce que les prisonniers ne s’échappassent point, — mais de les traiter en même temps avec bonté et politesse. Tous ces ordres donnés, il se hâta d’entrer dans la maison.
CHAPITRE XXII.
LES ROYALISTES.
Redgauntlet se rendit d’abord à la chambre de son neveu : il ouvrit la porte, entra dans l’appartement, et lui demanda pourquoi il faisait tant de tapage.
« Je veux ma liberté, » répliqua Darsie qui s’était monté la tête au point que la colère de son oncle ne lui causait plus aucune frayeur ; « j’exige ma liberté ; je prétends m’assurer que le meilleur de mes amis, qu’Alan Fairford dont je viens d’entendre la voix, ne court aucun danger.
— Votre liberté vous sera rendue avant une demi-heure, — votre ami recouvrera aussi la sienne en temps convenable, — et vous-