Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/448

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mon tour de la parole que j’ai donnée de garder le secret sur des choses que je suis disposé à regarder comme des manœuvres très-dangereuses, et…

— Permettez, M. Fairford ; il faut que je vous interrompe ici, dans votre propre intérêt. Un mot qui trahisse ce que vous avez pu voir ou soupçonner, et votre détention aura une fin très-éloignée ou très-prochaine, et, dans l’un et l’autre de ces cas, une fin très-peu désirable. À présent, vous êtes sûr d’être mis en liberté sous fort peu de jours, — peut-être beaucoup plus tôt.

— Et mon ami, pour l’amour duquel j’ai encouru ce danger, que va-t-il devenir ? — Homme dangereux et perfide ! » s’écria-t-il en élevant la voix ; » je ne me laisserai pas cajoler une seconde fois par de trompeuses promesses.

— Je vous jure, ma parole d’honneur, que votre ami jouit d’une parfaite santé, interrompit Redgauntlet ; peut-être vous permettrai-je de le voir, si vous voulez seulement vous soumettre avec patience à un sort inévitable. »

Mais Alan Fairford, considérant que sa confiance avait été trahie par Maxwell, ensuite par le prêtre, éleva la voix, et en appela à tous les sujets du roi à portée de l’entendre, contre la violence dont on le menaçait. Il fut aussitôt saisi par Nixon et deux autres individus, qui, s’emparant de ses bras et tâchant de lui fermer la bouche, se préparaient à l’entraîner.

L’honnête quaker, qui était resté à l’écart pour ne pas être aperçu de Redgauntlet, s’avança hardiment.

« Ami, dit-il, tu commets là des actes dont rien ne pourra jamais te justifier. Tu me connais bien, et tu n’ignores pas qu’en moi tu as causé un grave dommage à un homme paisible qui demeurait à côté de toi, dans l’honnêteté et la simplicité de son cœur.

— Silence, Jonathan, répliqua Redgauntlet, ne m’adressez pas la parole : ce n’est ni la ruse d’un jeune avocat ni la simplicité d’un vieil hypocrite qui me feront renoncer à mes desseins.

— Sur ma parole ! » dit le capitaine de la Jenny, s’avançant à son tour, « voilà qui n’est pas très-beau, général ; et je doute que la volonté de mes copropriétaires puisse me faire participer à des procédés pareils. — Voyons, ne tourmentez pas ainsi la garde de votre sabre ; mais dégainez en homme, si vous désirez que nous ferraillions ensemble. » — Il tira son sabre du fourreau, et continua : « Je ne verrai maltraiter impunément ni mon camarade