Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/382

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

en confier à votre discrétion. Cette dame est une personne de distinction, — noble et riche ; — mais, néanmoins, telle est sa position que, si seulement l’on venait à savoir qu’elle fût dans ce pays, ce fait occasionnerait de grands malheurs. Je désirerais que vous observassiez le silence à ce sujet, même avec Redgauntlet et Maxwell, quoique du reste je me fie à eux pour tout ce qui concerne mes affaires.

— Je ne puis avoir occasion, répliqua Falrford, d’entrer en discussion avec ces messieurs ni avec personne sur la circonstance dont je viens d’être témoin ; — seulement elle aurait pu devenir le sujet de ma conversation par pur accident, et j’aurai soin désormais de me tenir sur mes gardes.

— Vous ferez bien, mousieur, et je vous en remercie, » dit le père en mettant beaucoup de dignité dans l’expression de la reconnaissance qu’il témoignait : « un temps pourra venir où vous apprendrez ce qu’on gagne à obliger un homme de ma condition. Quant à cette dame, elle est douée du plus grand mérite, et l’on ne peut rien dire sur son compte qui ne soit à son éloge. Néanmoins… Bref, monsieur, nous errons à présent comme dans un brouillard du matin : — le soleil se lèvera bientôt, je pense, pour le dissiper, et alors tout ce qui semble maintenant mystérieux sera clairement révélé ; — ou bien ce brouillard tombera en pluie, » ajouta-t-il d’un ton solennel, « et alors une explication sera de peu d’importance. — Adieu, monsieur, je vous souhaite le bonjour. »

Il fit alors un gracieux salut, et disparut par la porte de côté qui s’était ouverte pour la dame qui était entrée : Alan crut les entendre se disputer à haute voix dans l’appartement voisin.

Aussitôt Ambroise entra, et il lui dit qu’un cheval et un guide l’attendaient au bas de la terrasse.

« Le bon père Bonaventure, ajouta le sommelier, a eu la gracieuse attention de considérer votre situation présente, et m’a chargé de vous demander si vous aviez quelque besoin d’argent.

— Présentez mes respects à Sa Révérence, répondit Fairford, et assurez-le que j’en suis amplement muni. Soyez encore assez bon pour offrir mes remercîments aux miss Arthuret : dites-leur bien que la charitable hospitalité, à laquelle je dois probablement la vie, restera gravée dans ma mémoire aussi long-temps que je vivrai. Vous-même, M. Ambroise, agréez l’expression de ma sincère reconnaissance pour vos soins et vos attentions à mon égard. »