Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/371

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ton, il ajouta : « Nul doute, cependant, qu’il n’existe un prétendant ; et certaines personnes pensent que ses prétentions ne sont pas mal fondées. Mais, avant de nous jeter dans la politique, permettez-moi de vous dire que je suis étonné de trouver un homme qui professe des opinions telles que les vôtres en relation intime avec M. Maxwell de Summertrees et M. Redgauntlet, et servant d’intermédiaire à leur correspondance.

— Pardonnez-moi, monsieur ; je n’aspire pas à l’honneur de passer pour leur confident ou leur agent. Mes rapports avec ces messieurs se bornent à une malheureuse affaire qui m’intéresse vivement, parce qu’elle intéresse la sûreté, — peut-être la vie même — de mon meilleur ami.

— Verriez-vous le moindre inconvénient à me confier la cause de votre voyage ? Mes conseils peuvent vous servir, et mon influence sur l’un et l’autre de ces messieurs est considérable. »

Fairford hésita un moment, et, repassant à la hâte dans son esprit une foule de circonstances, conclut qu’il tirerait peut-être quelque avantage de la protection de cet homme ; tandis que, d’un autre côté, il ne s’exposait à aucun risque en lui communiquant le motif de son voyage. En conséquence, après avoir dit en peu de mots qu’il se flattait que M. Bonaventure lui témoignerait une confiance réciproque, il lui exposa brièvement l’histoire de Darsie Latimer, — parla du mystère qui enveloppait sa naissance, et du malheur qui lui était arrivé. Il termina en lui annonçant sa propre résolution de chercher son ami, et de le délivrer, au péril même de ses jours.

Le prêtre catholique, qui paraissait vouloir éviter tout sujet de conversation qu’il ne mettait pas lui-même sur le tapis, ne fit aucune remarque sur ce qu’il venait d’entendre, mais adressa seulement une ou deux questions à Fairford, sur des faits qui ne lui semblaient pas assez clairs ; puis, se levant, il fit deux tours de chambre, murmurant, mais assez haut, entre ses dents : « Tête folle ! » Mais sans doute il était habitué à maîtriser toute émotion violente : car, presque au même instant, il parla de nouveau à Fairford avec la plus parfaite tranquillité.

« Si vous croyez, dit-il, pouvoir le faire sans indiscrétion, je voudrais que vous eussiez la bonté de me montrer la lettre de M. Maxwell de Summertrees. Je désire particulièrement voir l’adresse. »

Ne voyant aucun motif de se refuser à une pareille demande,