Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/370

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— Je n’ai pas l’honneur de prétendre à une pareille distinction. L’industrie de mon père a tiré sa famille d’une situation obscure ; — je ne puis réclamer aucun titre de noblesse héréditaire. — Pourrais-je savoir le motif de toutes ces questions ?

— Vous l’apprendrez dans l’instant, » répondit le père Bonaventure, à qui était échappé un hem bien sec de désappointement, lorsque le jeune homme avait avoué son origine plébéienne. Il l’invita par un signe à ne pas prendre la parole, et continua de le questionner.

« Quoique vous ne soyez pas né noble, vous êtes sans doute, par les sentiments de l’éducation, homme d’honneur et gentilhomme ?

— Je m’en flatte, monsieur, » répliqua Fairford, rougissant de colère. « Je n’ai pas l’habitude de m’entendre adresser une semblable question.

— Patience, jeune homme, repartit l’imperturbable interlocuteur ; — il s’agit d’affaires sérieuses, et une sotte étiquette ne doit pas nous empêcher de les traiter sérieusement. — Vous n’ignorez sans doute pas que vous parlez à un individu proscrit par les lois sévères et injustes du gouvernement actuel ?

— Je connais parfaitement le statut de 1700, chapitre 3, dit Alan, lequel bannit du royaume les prêtres ainsi que les conspirateurs papistes, et punit de mort, sur conviction sommaire, toute personne qui, après ce bannissement, se permettrait de revenir. La loi anglaise, je pense, n’est pas moins sévère. Mais je n’ai aucun moyen de savoir, monsieur, que vous soyez une de ces personnes, et je crois que la prudence vous recommande de garder vos secrets pour vous-même.

— Il suffit, monsieur, et je ne redoute aucune conséquence fâcheuse de ce que vous m’avez vu dans cette maison.

— Oh ! vous pouvez être tranquille. Je me regarde comme devant la vie aux nobles dames qui possèdent ce château ; et ce serait les payer d’ingratitude et de bassesse que de vouloir pénétrer les mystères qui s’y passent, ou divulguer ce que j’ai pu voir et entendre sous ce toit hospitalier. Lors même que je rencontrerais le Prétendant en personne dans une situation pareille, au risque de compromettre un peu ma loyauté, il n’aurait rien à craindre de mon indiscrétion.

— Le Prétendant ! » répliqua le prêtre avec emphase, mais aussi avec un ton d’aigreur ; puis, adoucissant tout à coup ce