Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/321

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d’une espèce, mais toujours décidé à poursuivre son aventure.

La descente, qui ne se prolongeait pas au delà de six pieds, conduisait à un passage très-resserré, qui semblait avoir été construit tout exprès pour qu’il fût impossible d’y pénétrer si l’on se trouvait être seulement d’un pouce plus gros que M. Trumbull lui-même. Une petite chambre voûtée, d’environ huit pieds carrés, terminait cette galerie. Là M. Trumbull laissa Fairford seul, et dit qu’il allait revenir dans un instant, qu’il voulait refermer sa trappe.

Fairford ne vit point ce départ avec satisfaction, attendu qu’il resta dans une complète obscurité ; d’ailleurs il pouvait à peine respirer sans qu’il lui montât à la gorge une exhalaison nauséabonde de liqueurs et d’autres marchandises qui jetaient une odeur aussi forte que désagréable. Il fut donc charmé d’entendre les pas de M. Trumbull qui revenait, et qui s’empressa, dès qu’il l’eut rejoint, d’ouvrir une nouvelle porte étroite, mais très-épaisse, pratiquée dans la muraille, par laquelle il introduisit Fairford dans un immense magasin de barils d’eau-de-vie et d’autres objets de contrebande.

Il y avait une petite lumière à l’extrémité de cette longue voûte souterraine ; et sur un petit coup de sifilet que donna le vieillard, cette lumière commença à s’agiter et à se diriger vers lui. Une figure qu’il était impossible de distinguer, tenant une lanterne sourde dont la lumière ne se portait qu’en avant, s’approcha, et M. Trumbull lui parla ainsi : —

« Pourquoi n’étiez-vous pas à l’exercice religieux, Job, et un samedi soir encore ?

— Swanson chargeait la Jenny, monsieur, et je suis resté pour livrer les marchandises.

— Bien, — œuvre de nécessité, et par suite d’affaires ! Jenny la Sauteuse met-elle à la voile par cette marée ?

— Oui, oui, monsieur ; elle met à la voile pour…

— Je ne vous ai pas demandé pour quel endroit elle faisait voile, Job. interrompit le vieillard. J’en remercie mon Créateur, je ne connais rien à leurs allées et à leurs venues. Je vends mes marchandises honnêtement, et par suite d’affaires ; je me lave les mains de tout le reste. Mais ce que je voudrais savoir, c’est si l’individu qu’on appelle le laird des lacs de la Solway est en ce moment-ci de l’autre côté de la frontière.

— Oui, oui. Le laird est un peu dans ma partie, — un peu de