Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/313

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vos mains, mais encore entre celles des personnes qu’il vous plaira de choisir pour confidentes, et qui pourraient tirer de ces renseignements les moyens de le perdre ? — Non, — non. — J’ai juré ma parole que vous ne courez aucun péril, vous devez me donner la vôtre que vous garderez le secret sur ce que je vous apprendrai : — donnant, donnant, — vous savez ? »

Alan Fairford ne put s’abstenir de penser que cette obligation de garder le secret donnait une teinte nouvelle et suspecte à toute cette transaction ; mais, considérant que la délivrance de son ami pouvait dépendre du fait d’accepter la condition proposée, il déclara s’y soumettre avec la ferme résolution de l’exécuter.

« Et maintenant, monsieur, dit-il, où dois-je aller avec cette lettre ? M. Herries est-il à Brokenburn ?

— Il n’y est pas : je ne pense pas qu’il y revienne avant que l’affaire des filets à pieux soit assoupie, et je ne lui conseillerais pas d’y revenir. — Les quakers, avec toute leur froideur, peuvent bien pousser la malice aussi loin que les autres. — Or, quoique je n’aie pas la prudence de M. le prévôt, qui refuse de savoir où ses amis sont cachés durant l’adversité, de peur, sans doute, qu’on ne le prie de venir à leur secours ; pourtant, je ne pense pas qu’il soit nécessaire ni prudent de m’enquérir de tous les lieux où réside Redgauntlet, ce pauvre diable : mais je souhaite d’être toujours parfaitement libre de répondre, si l’on m’interroge à ce sujet : « Je n’en sais rien. » Vous irez donc à Annan, chez le vieux Tom Trumbull, ou Tam Turnpenny, comme on l’appelle ; et il est certain ou qu’il saura lui-même où est Redgauntlet, ou qu’il trouvera des gens à même de vous le faire promptement savoir. Mais il faut bien vous attendre que le vieux Turnpenny ne voudra répondre à aucune question à cet égard avant que vous lui donniez le mot d’ordre. Vous le ferez, pour le moment qui court, en lui demandant l’âge de la lune ; s’il répond : « Elle ne donne pas assez de lumière pour débarquer une cargaison, » il faudra lui répondre : « Alors, au diable les almanachs d’Aberdeen ! » et ensuite il entrera, sans plus se gêner, en conversation avec vous. — Maintenant, je vous conseillerais de ne pas perdre de temps, car on change souvent le mot d’ordre, — et de prendre garde à vous parmi les gaillards qui travaillent au clair de lune, car les lois et les hommes ne sont pas pour eux de grands objets de vénération.

— Je partirai à l’instant même, répliqua le jeune avocat ; je