Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/277

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robe semblable à celles que portent à la campagne les dames de moyenne condition pour monter à cheval, avec un masque pareil aussi à ceux dont elles se servent souvent, pour garantir leurs yeux et leur teint du soleil et de la poussière, et parfois, on le suppose, afin de pouvoir faire un peu les coquettes. Mais je commence à craindre qu’on ne me permette pas de lever mon masque à volonté, car au lieu d’être simplement de carton recouvert de velours noir, je remarque avec inquiétude que le mien est doublé avec une feuille d’acier comme la visière de don Quichotte : ce qui contribue à le rendre plus solide et plus durable.

Cet appareil, muni d’une agrafe d’acier pour qu’on pût m’attacher le masque derrière la tête avec un cadenas, éveilla en moi un effrayant souvenir de l’être infortuné qui, contraint d’en garder toujours un pareil sur son visage, acquit le nom bien connu dans l’histoire d’homme au masque de fer. J’ai hésité un moment si je me soumettrais aux actes d’oppression qui m’accablent de toutes parts, jusqu’à consentir à porter un déguisement aussi propre à seconder les mauvais desseins formée contre moi ; mais je me rappelai la menace de M. Herries, qui devait me faire enfermer étroitement dans une voiture si je refusais de prendre les vêtements qu’on me destinait ; et je considérai que l’espèce de liberté achetée au prix du masque et de la robe de femme ne me coûterait vraiment pas trop cher. Il faut donc que je fasse ici une pause, et que j’attende ce que le matin pourra m’amener de neuf.

Pour continuer cette histoire d’après les documents que nous avons sous les yeux, nous croyons convenable de quitter ici le journal du prisonnier Darsie Latimer, et de le remplacer par une narration des démarches d’Alan Fairford, à la poursuite de son ami, laquelle forme une autre série d’événements.