Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/275

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sespoir comprît la musique écossaise, ce vieux et bel air jacobite : —


Pour tout cela, pour tout cela,
Et deux fois autant que cela.


Je m’efforçai ensuite de lui faire sentir que je désirais donner avis de ma position à mes amis, et désespérant de trouver un air qui exprimât suffisamment mon intention, je me hasardai à chanter des vers dont la pensée se retrouve si souvent sous des formes différentes dans les vieilles ballades : —


Où trouverai-je un bon garçon
Qui, pour gagner bas et jupon,
Franchissant vallons et montagne,
Jusqu’à Durisdeer m’accompagne ?


Il couvrit la dernière partie de cette stance, en jouant avec beaucoup de feu : —


« Le bon Robin est mon ami. »


Quoique je repassasse dans mon esprit les paroles de cette chanson, je ne pouvais rien répliquer, attendu que je n’y voyais rien de particulier à ma situation ; mais avant que je pusse choisir un air propre à faire comprendre mon incertitude, un cri s’éleva dans la cour : Voici Cristal Nixon ! Mon fidèle Willie fut obligé de battre en retraite ; mais ce ne fut qu’après avoir moitié joué, moitié fredonné, en forme d’adieu, l’air du couplet suivant : —


Enfant ! que je te quitte, moi !
Les astres perdront leur lumière.
Les montagnes leur cime altière
Avant que je vive sans toi.


Dans mon infortune, je puis maintenant compter sur un partisan fidèle, et quelque bizarre qu’il puisse être de fonder tant d’espoir sur un homme qui fait un véritable métier de vagabond, et qui en outre est privé de la vue, je suis fermement persuadé que ses services peuvent m’être utiles et même nécessaires. Il y a encore un autre côté d’où j’attends assistance, et que je vous ai déjà indiqué, Alan, dans plus d’un passage de mon journal. Deux fois, à la petite pointe du jour, j’ai vu dans la cour de la ferme la per-