Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/268

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— C’est parler sans détour, dit-il ; et pourtant non sans la subtile prudence d’un élève de la bonne ville d’Édimbourg. De mon côté, je n’userai envers vous d’aucune rigueur inutile ; au contraire, vous voyagerez avec toute la commodité que pourront permettre les précautions nécessaires pour que vous n’échappiez pas. Vous sentez-vous assez fort pour monter à cheval, ou préférez-vous une voiture ? La première manière de voyager convient mieux au pays que nous allons parcourir, mais vous avez la liberté du choix.

— Je sens que les forces me reviennent peu à peu, répondis-je, et, je préfère de beaucoup voyager à cheval. Dans une voiture, ajoutai-je, on est si renfermé…

« — Et si aisément gardé, » répliqua Herries en m’observant comme pour pénétrer au fond de mes plus intimes pensées, — « que, sans aucun doute, vous pensez en allant à cheval avoir plus de chances de vous échapper.

— Mes pensées m’appartiennent, répondis-je ; et quoique vous reteniez ma personne captive, vous ne pouvez les soumettre à aucune contrainte.

— Bah ! je peux lire le livre, dit-il ! sans en ouvrir les feuillets. Mais je vous engage à ne point faire d’entreprises téméraires, et je veillerai moi-même tout particulièrement à ce que vous ne trouviez jamais l’occasion de réussir. Le linge et les autres objets nécessaires dans votre position sont préparés à l’avance. Cristal Nixon vous servira de valet, — je devrais peut-être dire de femme de chambre. Vos habits de voyage pourront sans doute vous paraître singuliers, mais ils sont tels que l’exigent les circonstances ; et si vous refusez de porter les vêtements qu’on vous destine, il vous faudra quitter ces lieux d’une manière aussi désagréable que celle dont vous y êtes venu. Adieu. — Nous nous connaissons maintenant l’un l’autre un peu mieux qu’auparavant ; — ce ne sera point ma faute si la conséquence d’une plus grande intimité n’est pas une opinion mutuellement plus favorable. »

Il m’abandonna alors à mes propres réflexions, après m’avoir souhaité le bonsoir d’un air civil ; puis il revint sur ses pas pour me dire que nous partirions le lendemain à la pointe du jour au plus tard, peut-être plus tôt : mais il me fit l’honneur de supposer que, comme chasseur, je devais toujours être prêt à me mettre en route.

Nous en sommes donc venus à une explication, cet homme