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CHAPITRE VIII.

CONTINUATION DU JOURNAL DE DARSIE LATIMER.

EXPLICATION.


Je passai plus d’une heure, lorsque je fus rentré dans l’appartement que je puis appeler ma prison, à consigner par écrit les singulières circonstances dont je venais d’être témoin. Il me sembla qu’enfin je pouvais former quelques conjectures probables relativement à ce M. Herries, sur le nom et la situation duquel la dernière scène avait jeté une vive lumière. C’était un de ces jacobites fanatiques, dont les armes, il n’y avait pas encore vingt ans, avaient ébranlé le trône de la Grande-Bretagne, et dont quelques-uns, quoique leur parti diminuât chaque jour de nombre, d’énergie et de puissance, se sentaient encore disposés à recommencer une tentative qui avait si mal réussi. À vrai dire, il était tout à fait différent des zélés jacobites que j’avais eu jusqu’à présent le bonheur de rencontrer. J’avais souvent entendu de vieilles dames de noble famille, en prenant leur thé, et des lairds à cheveux blancs, en buvant leur punch, tramer des projets de haute trahison bien innocents, les premières en rappelant qu’elles avaient dansé avec le Chevalier, et les derniers en racontant les exploits qu’ils avaient accomplis à Preston, Clifton et Falkirk.[1]

La malveillance de pareilles personnes était trop peu importante pour attirer l’attention du gouvernement. J’avais néanmoins entendu dire qu’il existait encore des partisans de la famille des Stuarts, d’une espèce et plus hardie et plus dangereuse : gens qui, semant à pleines mains l’or de Rome, s’introduisaient en secret, et à l’aide de déguisements, dans les diverses classes de la société, et s’efforçaient d’entretenir et de raviver le zèle expirant de leur parti.

Parmi ce genre de personnes, dont les manœuvres et les tentatives ne semblent douteuses qu’à ceux qui regardent seulement la superficie des choses, j’assignai sans peine un poste éminent à ce M. Herries car son énergie morale, aussi bien que sa force et son activité physiques, paraissaient le rendre tout à fait propre

  1. Théâtre de trois combats favorables à Charles-Édouard. a. m.