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l’arrivée, — devinez de qui, mon cher Alan, — de votre client le fou, — du pauvre Pierre Peebles !


CHAPITRE VII.

CONTINUATION DU JOURNAL DE DARSIE LATIMER.

SECONDE FEUILLE.


LE PLAIDEUR.


J’ai rarement connu dans ma vie, jusqu’à ces derniers jours si pleins d’alarmes, ce que c’était que souffrir un moment de véritable chagrin. Le mal que je nommais ainsi était, j’en suis maintenant bien convaincu, la fatigue d’un esprit qui, ne pouvant se plaindre de rien dans le moment, se replie sur lui-même et s’inquiète du passé et de l’avenir ; périodes de temps avec lesquelles la vie humaine a si peu de rapport, que l’Écriture elle-même a dit : À chaque jour suffit sa peine. »

Si donc j’ai parfois été ingrat envers ma prospérité, en murmurant contre ma naissance inconnue et mon rang incertain dans le monde, je ferai pénitence en supportant la véritable adversité avec patience et courage, et, si je puis, même avec gaieté. Que peuvent-ils ? — qu’oseront-ils me faire ? — Foxley, j’en suis persuadé, est vraiment un juge de paix et un gentilhomme campagnard assez riche, bien que, — chose merveilleuse à dire ! — il ne soit qu’un âne. D’ailleurs, son subordonné à habit brun doit bien pressentir les conséquences de la complicité d’un meurtre ou d’une détention illégale. On n’invite pas de tels témoins à des œuvres de ténèbres. J’ai aussi, Alan, j’ai des espérances fondées sur certaines personnes de ma famille de mon oppresseur même ; je suis porté à croire que la M. V. va reparaître sur la scène. Je n’ose en dire davantage ici ; et je ne dois rien laisser échapper qu’un autre œil que le vôtre soit à même de comprendre. En somme, j’ai le cœur plus léger ; et quoique la crainte et la surprise m’environnent encore, elles ne peuvent obscurcir tout à fait l’horizon.

Même lorsque je vis, semblable à un spectre, ce vieil épouvantail des cours de justice se précipiter dans l’appartement où