Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/193

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mais que jusqu’à présent il n’avait pas appris que personne y eût perdu la vie.

M. Fairford fut obligé de revenir chez lui avec ces minces renseignements ; et lorsqu’il demanda à James Wilkilson où était son fils, il reçut pour réponse que « M. Alan était dans sa chambre, et fort occupé. »

« Il faut tenter une explication, » se dit à lui-même Saunders Fairford. « Mieux vaut un doigt coupé que toujours pendant ; » et allant à la porte de l’appartement de son fils, il frappa d’abord doucement, — ensuite plus fort, — mais il ne reçut aucune réponse. Un peu alarmé de ce silence, il ouvrit la porte de la chambre ; elle était vide ; des vêtements étaient épars pêle-mêle avec des livres de droit et divers papiers, comme si l’occupant s’était hâté de faire un paquet pour se mettre en route. Tandis que M. Fairford portait des regards inquiets autour de lui, ses yeux s’arrêtèrent sur une lettre placée sur le bureau de son fils et portant sa propre adresse. Cette lettre était ainsi conçue :

« Mon cher père,

« Vous ne serez pas surpris, je l’espère, ni peut-être trop mécontent d’apprendre que je suis en ce moment en chemin vers le comté de Dumfries pour obtenir par moi-même des renseignements positifs sur la situation actuelle de mon meilleur ami, et lui prêter secours autant qu’il sera en mon pouvoir. Je me flatte que mes efforts seront couronnés de succès. Je n’ose vous prier de réfléchir, mon cher père, à la conduite que vous avez tenue en me cachant des nouvelles d’une si grande importance pour la tranquillité de mon esprit et pour mon bonheur ; mais j’espère que votre procédé à mon égard sera, sinon une excuse, du moins un adoucissement à la faute que je commets en faisant une démarche aussi grave, sans consulter votre bon plaisir, et je dois même l’avouer, dans une circonstance qui pouvait vous porter à ne point approuver mon projet. Voici tout ce que je puis alléguer pour ma justification : si quelque malheur était déjà arrivé, — fasse le ciel qu’il en soit autrement ! — à la personne qui, après vous-même, m’est la plus chère au monde, j’aurais sur le cœur l’éternel regret de n’avoir pas volé sur-le-champ à son secours, étant jusqu’à un certain point averti de son danger et muni des moyens de le prévenir : ma seule faute est d’avoir