Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/191

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truit, de main de maître, les filets à pieux placés à l’embouchure de cette rivière, et ont en outre attaqué la maison du quaker Geddes, un des principaux actionnaires de la compagnie pour la pêche avec filets à marée, à qui ils ont causé de grands dommages. Je suis fâché d’avoir à ajouter que le jeune M. Latimer se trouvait au milieu du tumulte, et que depuis on n’en a plus eu de nouvelles. On parle de meurtre, mais c’est peut-être un mot en l’air. Comme ce jeune homme a tenu une conduite assez singulière depuis qu’il rôde dans nos environs, notamment en ce qu’il n’a répondu qu’une seule fois à mes invitations à dîner, et qu’il court la campagne avec des ménétriers ambulants et d’autres vagabonds, on peut espérer que son absence actuelle est seulement occasionnée par quelque nouvelle folie ; mais comme son domestique est venu me demander si je savais où était passé son maître, j’ai trouvé bon de vous en informer par la poste. J’ai seulement à ajouter que notre shérif a évoqué l’affaire et envoyé en prison un ou deux perturbateurs. Si je puis être utile dans cette occasion, soit en faisant publier que M. Latimer a disparu, soit en promettant récompense à quiconque en apportera des nouvelles, ou autrement, je suivrai vos respectables instructions, car je suis toujours votre très-obéissant serviteur,

« William Crosbie. »

Lorsque M, Fairford eut pris lecture de cette lettre, sa première idée fut de la communiquer à son fils, afin de dépêcher tout de suite un exprès, ou même un messager du roi[1] muni des pouvoirs nécessaires pour rechercher son ancien pensionnaire.

Il savait que les habitudes des pêcheurs étaient au moins brutales, sinon absolument sanguinaires et féroces ; et il était arrivé plus d’une fois qu’ils avaient transporté dans l’île de Man ou ailleurs des individus qui avaient voulu s’opposer à leur commerce de contrebande, et les y avaient retenus de force durant plusieurs semaines. M. Fairford éprouvait donc une vive inquiétude relativement au sort du jeune homme qui demeurait naguère dans sa maison, et dans un moment moins intéressant il serait parti lui-même ou aurait dépêché son fils pour qu’il allât à la recherche de Darsie.

Mais la cause du pauvre Pierre Peebles contre Plainstanes

  1. King’s messenger, huissier écossais, chargé d’arrêter les individus pour dettes. a. m.