Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/13

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l’entêtement le plus obstiné à persévérer dans ce qu’il avait une fois résolu, qualités qui, s’il eût réussi dans sa tentative hardie, ne laissaient guère espérer à la nation qu’il se fût affranchi de l’amour des prérogatives ou du désir du pouvoir arbitraire, qui caractérisaient son malheureux grand-père. Il montra d’une manière frappante combien ce trait de son caractère était profond, quand, sans que l’on puisse y assigner un motif raisonnable, il mit sa volonté seule en opposition avec les nécessités politiques qui dominaient la France. Dans le dessein d’obtenir une paix indispensable au royaume, cette puissance fut réduite à céder aux demandes de la Grande-Bretagne, et de faire défense à Charles-Édouard de demeurer dans aucune partie des possessions françaises. Ce fut en vain que le gouvernement français s’efforça de pallier cette disgrâce par les offres les plus flatteuses, dans l’espoir que le prince éviterait de lui-même ce qu’elle avait de plus pénible, en quittant le royaume de sa pleine volonté. Il devait voir en effet que si, comme il était probable, on appuyait par la force la décision des puissances, il ne lui resterait aucun moyen d’y résister. Malgré ces considérations, guidé par cet esprit héréditaire d’obstination, Charles préféra une résistance inutile à une soumission pleine de dignité ; et, par ses vaines bravades, il mit la cour de France dans la nécessité de faire arrêter son ancien allié, et de l’envoyer à la Bastille. Elle le fit ensuite conduire hors du royaume, de la même manière qu’un coupable est conduit au lieu de sa destination.

Outre ces preuves d’un caractère opiniâtre, le docteur King ajouta qu’il avait d’autres défauts qui s’accordaient moins avec la noblesse de sa naissance et la hauteur de ses prétentions. Cet auteur dit qu’il était tellement avare, ou parcimonieux du moins, qu’il avait la bassesse de refuser des secours, même quand les moyens ne lui manquaient pas, à ceux qui avaient perdu leur fortune pour lui, et qui avaient tout sacrifié pour appuyer sa