Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 20, 1838.djvu/108

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et romanesque. Je suis très-sérieux quand je vous proteste que les avis communiqués à mon père par ce M. Herries, et la lettre mystérieuse de la jeune dame se prêtent une force mutuelle, et que, si vous étiez ici, vous pourriez apprendre de l’un ou de l’autre, ou même de tous les deux, certaines choses qui jetteraient de la lumière sur votre naissance et vos parents. Vous ne préférerez certainement pas un caprice inutile à la perspective qui se développe devant vous.

Conformément à l’avis que me donne, dans sa lettre, la jeune demoiselle, car je suis certain que telle est encore sa condition, j’aurais voulu me rendre près de vous pour appuyer de vive voix sur ces arguments, au lieu de les exposer par écrit. Mais vous savez que le jour de mes examens est fixé ; j’ai déjà, remplissant les formalités voulues, visité mes examinateurs ; déjà le sujet de ma thèse est désigné. Tous ces motifs ne sauraient peut-être me retenir à la maison ; mais mon père regarderait toute irrégularité en cette occasion comme un coup mortel porté aux espérances qu’il s’est fait un bonheur d’entretenir toute sa vie, savoir que j’entrerais au barreau avec quelque honneur. Pour moi, je sais qu’il n’y a point grande difficulté à passer ces examens de forme, sinon comment certaines personnes de notre connaissance s’en fussent-elles tirées ? Mais pour mon père, ces formes constituent une solennité auguste et sérieuse, à laquelle il pense depuis bien long-temps, et m’absenter en ce moment pourrait presque lui faire perdre la tête. Pourtant je la perdrai tout-à-fait moi-même, si je ne reçois pas promptement l’assurance que vous revenez en toute hâte ici. — En attendant, j’ai recommandé à Hannah de tenir votre petite chambre dans le meilleur ordre possible. Je n’ai pu savoir si mon père vous avait déjà écrit ; et il n’a point reparlé de son entretien avec Birrenswork ; mais, quand je lui donnerai à entendre que vous courez à présent de grands dangers, je sais que mes instances pour que vous reveniez sans retard recevront sa cordiale approbation.

Une autre raison encore. — Je dois, suivant l’usage, donner à dîner à nos amis, après mon admission ; et mon père, mettant de côté toutes les considérations habituelles d’économie, désire que le festin soit dans le meilleur style possible. Venez donc ici, cher Darsie, ou, je vous le déclare, j’enverrai les examens, le dîner d’admission et les conviés au diable, et j’irai en personne