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LA VEUVE DES HIGHLANDS.




CHAPITRE PREMIER.

le voyage.


Il était aussi près que possible ; mais ce qu’était cet objet, elle ne pouvait le dire. Il semblait être arrêté près d’un chêne vieux et immense.
Coleridge.


Ainsi commence le manuscrit de mistress Baliol :

Il y a trente-cinq ans, ou peut-être quarante, que, pour relever mes esprits abattus et les distraire de la douleur causée par une grande perte que j’avais faite dans ma famille deux ou trois mois auparavant, j’entrepris ce qu’on appelle une tournée highlandaise. C’était une excursion devenue en quelque sorte à la mode. Mais, quoique les routes militaires fussent excellentes, les auberges étaient si mauvaises, que l’on pouvait presque considérer cette tournée comme un voyage aventureux. D’ailleurs, le nom seul des Highlands, bien que ce pays fût aussi paisible alors que toute autre partie des états du roi George, était un mot qui continuait à répandre la terreur à une époque où vivaient encore tant de témoins de l’insurrection de 1745. Une crainte vague s’emparait de la plupart de ceux qui, des tours de Stirling, apercevaient vers le nord la haute chaîne de montagnes qui s’élève comme un sombre rempart pour cacher, dans ses retraites impénétrables, un peuple entier, différent de celui des basses terres par son costume, ses mœurs et son langage. Quant à moi, je descends d’une race peu susceptible de se laisser dominer par les terreurs qu’enfante souvent l’imagination. J’avais plusieurs parents parmi les montagnards ; je connaissais plusieurs de leurs familles de distinction, et, sans aucune crainte, j’entrepris mon voyage, accompagnée seulement de ma femme de chambre, mistress Alice Lambskin.