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CHAPITRE IV.

d’écouter l’expression de mon repentir et mes promesses de changer de conduite, promesses qui étaient sincères, et qui auraient été suivies d’une réforme plus prompte si l’on y avait eu confiance. Mais Christie me regardait comme un enfant de perdition, condamné à poursuivre la carrière funeste dans laquelle il s’était jeté, et à y entraîner quiconque tenterait de lui prêter une main secourable.

Et pourtant, bien que je connusse les anciennes préventions de Christie contre moi, je pensais que le temps avait dû les détruire. À l’époque où le désordre de mes affaires avait plongé ma mère dans une gêne momentanée, Christie, se plaçant sur la brèche, avait vendu un petit héritage, et en avait apporté le prix à sa maîtresse, comme une chose toute naturelle, et avec un dévouement aussi profond que celui des chrétiens du premier siècle, lorsqu’ils se dépouillaient de leurs biens pour suivre les apôtres. N’ignorant point cette belle conduite, j’en conclus que nous pouvions, selon le proverbe écossais, « regarder comme passé ce qui était passé, » et recommencer un nouveau compte. Cependant, en général habile, je résolus, avant de me tracer un plan de campagne, de reconnaître le terrain et de garder provisoirement l’incognito.







CHAPITRE IV.

le manoir.


Hélas ! quel changement ! Le manoir s’était abaissé jusqu’au rang de misérable auberge.
Gay.


Après avoir marché d’un assez bon pas pendant une demi-heure, je me trouvai à la porte de Duntarkin. Cet édifice avait subi de son côté un changement considérable, quoiqu’il n’eût pas été entièrement démoli comme le manoir principal. Une cour d’auberge s’étendait devant la porte de l’ancienne demeure des douairières de Croftangry, et renfermait les restes de la haie de houx qui entourait autrefois le jardin. Une route neuve, large, mais raboteuse, avait envahi le petit vallon, et remplaçait le vieux chemin étroit, si rarement fréquenté qu’il était presque entièrement couvert d’herbe. C’est une faute dont se rendent quelquefois cou-