Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/41

Cette page a été validée par deux contributeurs.
39
CHAPITRE II.

et maintenant nous demanderons une ballade écossaise, sans ornements étrangers, à ma petite sirène miss Kattie. »

Le lendemain, je reçus de M. Fairscribe un paquet renfermant un journal, et parmi les annonces que la feuille contenait, il y en avait une marquée d’une croix, pour attirer mon attention. Je lus avec surprise ce qui suit :


désirable domaine à vendre[1].


« Par ordre des lords du conseil et des sessions, il sera mis en vente, à la nouvelle chambre d’Édimbourg, le mercredi 25 novembre 18—, tous et chacun des biens composant la baronnie de Glentanner, nommée actuellement Castle-Treddles, situés dans le Middle-Ward de Clydesdale et comté de Lanark, avec dîmes, cure et vicariat, droit de pêche dans la Clyde, bois, marais, pâturages, etc., etc. » L’annonce vantait les avantages du sol, la situation du domaine, ses beautés naturelles, ses chances d’amélioration, sans oublier de dire que ce domaine était de franc-aleu, possédant, comme le polype, le privilége particulier d’être coupé en deux, trois, et même, avec un peu d’aide, en quatre subdivisions, de manière à donner autant de votes au propriétaire lors des élections ; et on laissait entrevoir que le poste de représentant de ce comté serait vivement contesté entre deux puissantes familles. La mise à prix de cesdites terres, baronnies et autres biens, était de trente fois la somme de leurs revenus annuels ; ce qui était un quart en sus de ce à quoi la dernière vente s’était élevée. Ceci, qui était rappelé, je suppose, pour prouver que le domaine était susceptible d’amélioration, aurait pu faire quelque peine à un autre ; mais, qu’il me soit permis de parler de moi avec vérité en bien comme en mal, cette lecture ne me fut point pénible. Je fus seulement blessé que Fairscribe, qui connaissait assez bien la modicité de ma fortune actuelle, m’eût réservé le supplice de Tantale, en m’informant que le domaine de ma famille était en vente et ne pouvait être recouvré, comme il le savait bien, qu’à un prix fort au-dessus de mes moyens.

Mais une lettre qui tomba du paquet sur le plancher attira mes regards et m’expliqua l’énigme. Un client de M. Fairscribe, un capitaliste, songeait à acheter Glentanner simplement pour placer son argent ; il était même peu vraisemblable qu’il visitât

  1. Traduction littérale de la formule des annonces, desirable estate for sale. a. m.