envoyée au fils, d’une manière qui ne promettait guère de succès à sa mission.
Hartley tomba presque dans le désespoir. Il s’adressa à plus d’un officier qu’on supposait être en crédit près du nabab ; mais le moindre mot qu’il proférait sur la nature de son affaire semblait les frapper tous de terreur. Aucune des personnes qu’il consulta ne voulut intervenir en sa faveur, ni même consentir à l’écouter jusqu’au bout ; et le dewan lui déclara tout net que se mettre en opposition avec les désirs du prince Tippoo, c’était courir à une perte certaine : en conséquence, il exhorta le docteur à retourner vers les côtes. La tête perdue par suite de ces différents échecs, Hartley revint le soir au khan. La voix des muezzins, du haut des minarets, avait invité les fidèles à la prière, quand un esclave noir, âgé d’environ quinze ans, se présenta devant Hartley, et prononça d’un ton grave et par deux fois les paroles suivantes : Ainsi a parlé Barak el Hadgi, qui veille dans la mosquée : « Celui qui veut voir le soleil se lever, qu’il se tourne vers l’Orient. » L’esclave s’éloigne alors du caravansérail ; et l’on peut bien supposer que Hartley, s’élançant aussitôt, quitta le tapis sur lequel il s’était couché pour se délasser, suivit son jeune guide, armé d’une vigueur nouvelle et palpitant d’espérance.
CHAPITRE XV.
le dénouement.
Le crépuscule tomba si vite, que c’était seulement à l’éclat de ses vêtements blancs que Hartley pouvait distinguer son guide, tandis qu’il parcourait le splendide bazar de la ville. Mais l’obscurité servit au moins à empêcher l’attention importune que les naturels eussent pu donner à un Européen portant le costume de son pays, spectacle fort rare à cette époque dans Séringapatam.