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et de sa troupe. Ils avaient voyagé, disait-il, avec beaucoup de célérité, jusepi’à ce qu’ils eussent franchi les Ghauts, où ils avaient été rejoints par un détachement des troupes de la bégum, et où lui-même et d’autres qui étaient venus de Madras pour servir momentanément d’escorte, avaient été payés et renvoyés chez eux. Il avait compris que l’intention de la bégum Mootee Mahul était ensuite de se diriger à petites journées et en faisant de nombreuses haltes vers Bangalore, où elle ne désirait pas arriver avant que le prince Tippoo, avec qui elle désirait avoir une entrevue, fût de retour d’une expédition qu’il avait récemment entreprise dans les environs de Yandicota.

Après force questions inquiètes, Hartley eut lieu d’espérer que, quoique Séringapatam fût de soixante-quinze milles plus à l’est que Bangalore, néanmoins, en faisant diligence, il pourrait avoir le temps de se jeter aux pieds d’Hyder, et d’implorer son intervention, avant que l’entrevue de Tippoo et de la bégum décidât du destin de Menie Grey. D’autre part, il trembla lorsque le peon lui dit que le bukshee de la bégum, qui était venu avec elle à Madras, sous un déguisement, avait alors repris le costume et le rôle qui appartenait à son rang, et qu’on s’attendait à le voir prochaînement honoré par le prince mahométan de quelque haute dignité. Il apprit, avec une inquiétude plus vive encore, qu’un palanquin, gardé avec un soin extrême par les esclaves de la jalousie orientale, renfermait, disait-on tout bas, une Féringi, belle comme une houri, que la bégum avait fait venir d’Angleterre, pour l’offrir en présent à Tippoo. L’acte d’infamie était donc en bon chemin de s’accomplir ; il s’agissait de savoir si, par sa diligence, Hartley pouvait encore y mettre obstacle.

Lorsque cet ardent vengeur de l’innocence persécutée arriva dans la capitale d’Hyder, on peut croire qu’il n’employa point son temps à examiner le temple du célèbre Vishnou, ou à regarder les splendides jardins appelés Loll-bang, qui étaient alors un monument de la magnificence d’Hyder, et qui renferment aujourd’hui ses dépouilles mortelles. Il ne fut pas plus tôt arrivé dans la ville, qu’il se rendit, en toute hâte, à la principale mosquée, ne doutant pas que ce ne fût l’endroit où il obtiendrait le plus facilement des nouvelles de Barak el Hadgi. Il s’approcha donc du lieu saint, et comme y entrer eût coûté la vie à un Féringi, il employa l’entremise d’un dévot musulman pour recueillir des renseignements sur la personne qu’il cherchait. Il apprit bientôt que le fakir