Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/344

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coup soit frappé, elle ne connaîtra rien de nos stipulations particulières, et après, son désappointement sera de peu d’importance. Maintenant rappelez-vous mes conditions… il faut que mon rang me soit rendu… mon plein pardon accordé.

« Oui, » répondit Paupiah avec circonspection, « si vous réussissez. Mais si vous trahissiez notre contrat, je trouverais bien un poignard de Lootie qui arriverait jusqu’à vous, fussiez-vous réfugié sous les plis de la robe du nabab. En attendant, prenez cette lettre, et quand vous serez maître de Bangalore, envoyez-la au général Smith, dont la division recevra ordre d’approcher aussi près que possible de la frontière du Mysore, sans exciter des soupçons. »

Ainsi se sépara le digne couple, Paupiah pour apprendre à son patron le progrès de ses noires machinations, Middlemas pour rejoindre la bégum qui retournait dans le Mysore. L’or et les diamants de Tippoo, l’importance qu’il allait acquérir, le bonheur de s’arracher à la fois à la capricieuse autorité de l’irritable Tippoo, et aux ennuyeuses prétentions de la bégum, étaient de si agréables sujets de méditation, qu’il songeait à peine au sort de la victime qu’il avait fait venir d’Europe. Quand il y pensait, c’était pour apaiser sa conscience en se flattant que le seul malheur qui menaçât Menie étaient quelques jours d’alarmes, durant lesquels il trouverait moyen de pénétrer dans le zénana où elle devait rester temporairement prisonnière. Il résolut en même temps de s’abstenir de la voir jusqu’au moment où il pourrait lui prêter assistance, considérant avec raison le danger que son plan courrait, s’il éveillait encore la jalousie de la bégum. Il la croyait assoupie pour l’instant, et tandis qu’il retournait au camp de Tippoo, près de Bangalore, il se fit une étude d’apaiser cette femme ambitieuse et adroite par des flatteries, et par la peinture des magnifiques perspectives de richesses et de pouvoir, que devait leur ouvrir à tous deux la réussite de leur entreprise.

Il est à peine nécessaire de dire que de tels événements ne purent se passer que dans les premiers temps de nos établissements dans l’Inde, alors que l’autorité des directeurs était impuissante, et que celle de la couronne n’existait pas. Mon ami, M. Fairscribe, pense même qu’il y a anachronisme à introduire ici Paupiah, le bramin, dubash du gouverneur anglais.