Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/330

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— Et n’était-ce encore qu’un faux bruit ? » demanda Hartley, osant à peine respirer de crainte.

« Sur mon âme ! je le crois. Ils étaient tous deux Européens dans une cour indienne, et c’est là par conséquent qu’ils commencèrent à devenir intimes ; mais rien de plus, je pense. Mais, à propos, quoiqu’il y ait eu une querelle entre Middlemas, ce pauvre diable et vous, néanmoins je suis sûr que vous apprendrez avec plaisir que, selon toute probabilité, son affaire va s’arranger.

— Vraiment ! » Ce fut le seul mot que put articuler Hartley.

« Oui, vraiment, répondit Esdale, le duel est une vieille histoire maintenant ; et il faut convenir que le pauvre Middlemas, malgré l’obstination qu’il montra dans cette affaire, avait été provoqué.

— Mais sa désertion… son acceptation d’un commandement sous Hyder… les traitements qu’il faisait éprouver à nos prisonniers… comment peut-on passer par-dessus tout ? dit Hartley.

— Ma foi ! il est possible… je vous parle comme à un homme prudent, et en confidence… qu’il puisse nous rendre de meilleurs services dans la capitale d’Hyder ou dans le camp de Tippoo, qu’il ne l’aurait pu faire s’il eût servi dans son propre régiment. Quant à ces mauvais traitements dont il accablait les prisonniers, je ne puis certainement lui donner raison sous ce rapport ; il a été obligé de remplir ces fonctions, parce que ceux qui servent Hyder Naig doivent obéir ou mourir. Mais il m’a dit lui-même… et je le crois… qu’il avait accepté cet emploi, parce qu’il pouvait, tout en parlant avec dureté devant les coquins à face noire, nous servir en secret. Quelques fous ne pouvaient comprendre la ruse, et lui répondaient par des injures et des chansons satiriques ; alors il était forcé de les punir pour éviter tout soupçon. Oui, oui, moi et d’autres, nous pouvons attester qu’il avait d’excellentes intentions, et qu’il en aurait donné des preuves s’il avait eu la liberté d’agir comme il l’entendait. J’espère lui offrir mes remercîments à Madras, et avant peu… Tout ceci en confidence… Au revoir. »

Fort embarrassé par les documents contradictoires qu’il avait recueillis, Hartley alla ensuite questionner le capitaine Capstern, qui commandait un vaisseau de la compagnie, et qu’il avait vu prodiguer ses soins à la bégum Montreville. Il lui demanda quelles avaient été les passagères qui montaient son bord, et le capitaine lui débita une assez longue liste de noms parmi lesquels ne se trouvait pas celui auquel il s’intéressait tant. Interrogé plus minutieusement, Capstern se rappela que Menie Grey, jeune Écos-