Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/323

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Bahauder ; et alors ne va pas recourir à l’intercession de ceux qui habitent des palais et qui portent des joyaux à leurs turbans, mais cherche la cellule de ton frère dans la grande cité, qui est Seringapatam, et le pauvre fakir, avec son manteau percé, appuiera mieux ta demande près du nabab (Hyder ne prenait pas le titre de sultan) que ceux qui sont assis sur des sièges d’honneur dans le divan. »

Ce fut avec de telles expressions d’intérêt qu’il exhorta Hartley à venir dans le Mysore, pour voir la face du grand prince, dont le regard inspirait la sagesse, dont un signe de tête conférait l’opulence, de sorte que la folie et la pauvreté ne pouvaient paraître devant lui. Il lui offrit en même temps, pour reconnaître les bontés que lui avait témoignées Hartley, de lui montrer tout ce qui était digne de l’attention d’un sage dans la terre du Mysore.

Hartley n’hésita point à promettre qu’il entreprendrait le voyage proposé, si la continuation de la bonne intelligence entre leurs gouvernements le rendait exécutable, et réellement il regardait la possibilité d’un tel événement avec beaucoup d’intérêt. Les amis se quittèrent en se souhaitant mille prospérités, après avoir fait échange, suivant la coutume orientale, de présents qui pouvaient convenir à des sages auxquels la science était plus chère que la richesse. Barak el Hadgi fit cadeau à Hartley d’une petite quantité de véritable baume de la Mecque, dont on ne pouvait guère se procurer que des imitations ou falsifications, et lui donna en même temps un passe-port écrit en caractères particuliers, en l’assurant qu’il serait respecté par tout officier du nabab, si son ami se trouvait disposé à faire un voyage dans le Mysore. « La tête de celui qui ne respecterait point ce sauf-conduit, ajouta-t-il, ne serait pas plus en sûreté que celle du brin d’orge que le moissonneur tient dans sa main. »

Hartley répondit à ces civilités en lui faisant cadeau de quelques remèdes peu employés dans l’Orient, mais tels qu’il croyait pouvoir les confier sans péril, avec des instructions convenables, à un homme aussi intelligent que son ami le musulman.

Ce fut plusieurs mois après que Barak était retourné dans l’intérieur de l’Inde que Hartley fut frappé d’étonnement par une rencontre inattendue.

Les vaisseaux d’Europe venaient d’arriver, et avaient amené leur cargaison habituelle de jeunes gens avides de devenir commandants, et de jeunes femmes qui n’avaient nullement l’intention