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chemin de devenir un convié indispensable dans toutes les parties de plaisir, lorsqu’un vaisseau, à bord duquel Hartley s’était embarqué chirurgien en second, arriva dans la même rade. Hartley, par la nature des fonctions qu’il remplissait, n’avait pas droit de s’attendre à beaucoup de civilités et d’attentions ; mais ce désavantage était compensé par d’excellentes lettres de recommandation adressées par Witherington et d’autres amis du général, personnages importants dans Leadenhall-Street, aux principaux habitants de la ville. Il se trouva donc placé de nouveau dans la même sphère que Middlemas, et réduit à l’alternative de vivre sur le pied d’une froide politesse ou de rompre entièrement avec lui.

Le premier de ces deux systèmes aurait peut-être été le plus sage ; mais le second convenait mieux au caractère brusque et franc de Hartley, qui ne voyait aucune nécessité de conserver une apparence de relations amicales, pour cacher la haine, le mépris, et une aversion naturelle.

Le cercle de la société au fort Saint-George était beaucoup plus restreint à cette époque qu’il ne l’a été depuis. La froideur des deux jeunes gens fut bientôt remarquée ; il transpira qu’ils avaient été autrefois intimes et camarades d’études, et néanmoins ils hésitaient maintenant à accepter des invitations aux mêmes parties. Le bruit public assignait à cette inimitié mortelle des raisons bien différentes et fort incompatibles, auxquelles Hartley ne faisait pas la moindre attention, tandis que le lieutenant Middlemas prenait soin d’appuyer celles qui présentaient la cause de la querelle sous le point de vue qui lui était le plus favorable.

C’était une rivalité qui les avait désunis, disait-il aux personnes qui le pressaient d’entrer en explications ; il avait seulement eu l’heureuse fortune de se mettre dans les bonnes grâces d’une jolie dame mieux que son ami Hartley, qui lui avait à ce propos cherché querelle. Il pensait qu’il y avait folie à se bouder encore à une si grande distance, et après que tant de temps s’était écoulé. Il en était fâché plutôt pour l’apparence de bizarrerie qu’avait une pareille brouille, que pour toute autre raison, quoique son ancien ami eût réellement d’excellentes qualités.

Tandis que ces bruits produisaient leur effet dans la société, ils n’empêchaient pas Hartley de recevoir, de la part du gouvernement de Madras, les plus flatteuses assurances d’encouragement et des promesses d’avancement aussitôt que l’occasion s’en pré-