Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/311

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m’intéresse, » dit Middlemas à la hâte, et laissant échapper des signes d’alarme.

« Je ne vous tromperai pas, monsieur Middlemas, quoique je craigne de vous faire de la peine. J’eus hier une longue conférence avec votre mère, mistress Witherington, dans laquelle, en vous reconnaissant pour son fils, elle avoua que vous étiez né avant le mariage. Cette déclaration expresse mettra donc fin aux suppositions sur lesquelles vous appuyez vos espérances. Si cela vous plaît, vous pouvez lire le contenu de sa déclaration, que j’ai là, écrite de sa propre main.

— Damnation ! la coupe doit-elle toujours être écartée de mes lèvres. » murmura Richard ; mais, reprenant bientôt l’empire qu’il savait exercer sur lui-même, il pria Hartley de continuer les explications qu’il avait commencées. Hartley l’informa donc des circonstances qui avaient précédé sa naissance et de celles qui l’avaient suivie, tandis que Middlemas, assis sur une malle, écoutait avec un calme inimaginable un récit qui venait dissiper les espérances de richesses qu’il avait naguère si passionnément accueillies.

Zilia Monçada était fille unique d’un juif portugais, possesseur d’une grande fortune, qui était venu à Londres pour entreprendre un commerce. Parmi le petit nombre de chrétiens qui fréquentaient sa maison, et qui parfois étaient admis à sa table, était Richard Tresham, gentilhomme d’une grande famille du Northumberland, qui s’était dévoué, corps et âme, à Charles-Édouard, pendant sa courte invasion de 1745 ; et qui, quoique muni d’une commission au service de Portugal, était encore suspect au gouvernement britannique, à cause de son courage et de ses principes bien connus. L’excellent ton de ce gentilhomme, et la connaissance parfaite qu’il possédait de la langue et des manières portugaises, lui avaient gagné l’amitié du vieux Monçada, et, hélas ! le cœur de l’innocente Zilia, qui, belle comme un ange, connaissait aussi peu le monde et sa méchanceté que l’agneau qui vient de naître.

Tresham fit ses propositions à Monçada, peut-être en montrant trop évidemment qu’il croyait, lui noble chrétien, se dégrader en sollicitant l’alliance du riche juif. Monçada rejeta ses propositions, et lui défendit sa maison ; mais il ne put empêcher les amants de se voir en secret. Tresham abusa honteusement des occasions que la pauvre Zilia avait l’imprudence de lui fournir, et la conséquen-