Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/309

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je sortais ; et moi… je le répète… moi, l’héritier, le gage du plus tendre, du plus pur amour, c’est ainsi que j’étais traité. Devez-vous être surpris si mon regard fut celui d’un basilic !

— Vous parlez comme si vous étiez possédé d’un malin esprit, répliqua Hartley, ou vous êtes abusé par une étrange illusion.

— Vous pensez que ceux-là seuls sont légalement mariés, à qui un ministre nasillard lit les prières d’usage, dans un vieux livre de prières ? Il peut en être ainsi dans votre loi anglaise… mais l’Écosse fait un prêtre de l’amour même. Un vœu prononcé par un couple passionné, avec le ciel azuré pour témoin, protégera une fille confiante contre un amant parjure, aussi bien que si un doyen eût accompli toutes les cérémonies dans la plus magnifique cathédrale d’Angleterre. Bien plus, si l’enfant de l’amour est reconnu par le père au moment du baptême, s’il présente la mère à des étrangers respectables, comme son épouse, les lois d’Écosse ne lui permettront pas de rétracter les actes qui ont rendu justice à la femme qu’il a séduite, et au fruit de leur mutuel amour. Le général Tresham ou Witherington a traité ma malheureuse mère comme son épouse devant le docteur Grey et d’autres personnes ; il l’a placée comme telle dans la famille d’un homme respectable, et lui a donné le nom qu’il lui plaisait de se donner à lui-même pour le moment. Il m’a présenté au prêtre comme son légitime enfant ; et les lois écossaises, si favorables aux enfants délaissés, ne lui permettront pas de désavouer ce qu’il a formellement reconnu. Je connais mes droits, et je suis déterminé à les faire valoir.

— Vous n’avez donc pas l’intention de vous rendre à bord du Middlesex ? Réfléchissez un peu…. Vous perdrez votre passage et votre commission.

— Je sauverai mon droit de naissance, répondit Richard. Lorsque je pensais à passer aux Indes, je ne connaissais pas mes parents, et j’ignorais comment faire valoir les droits que j’avais sur eux. Cet obstacle est levé. Je peux exiger au moins le tiers des biens de Monçada, qui, au dire de Winter, sont considérables. Sans vous et votre manière de traiter la petite vérole, j’aurais eu la succession tout entière. J’étais loin de m’imaginer, lorsque le vieux Grey manquait si souvent d’avoir sa perruque arrachée, parce qu’il voulait éteindre le feu, ouvrir les fenêtres et défendre le whisky mélangé d’eau, que le nouveau système dut me coûter tant de mille livres.