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pondre ; mais Hartley, Winter et d’autres assistants intervinrent et l’entraînèrent hors de l’appartement. Tandis qu’ils s’efforçaient de lui adresser des remontrances, il se dégagea d’entre leurs mains, courut à l’écurie, et, prenant le premier cheval sellé qu’il trouva, car on en avait préparé plusieurs pour courir chercher des secours, il s’élança dessus et partit au grand galop. Hartley allait monter à cheval et le suivre ; mais Winter et les autres domestiques l’entourèrent aussitôt, et le supplièrent de ne pas abandonner leur malheureux maître dans un moment où l’influence qu’il avait acquise sur lui pourrait seule apaiser un peu la violence de son désespoir.

« Il a eu un coup de soleil dans l’Inde, murmura Winter, et il est capable de tout dans ses accès. Ces lâches ne peuvent l’arrêter, et moi, je suis vieux et faible. »

Persuadé que le général Witherington était plus digne de compassion que Middlemas, que, d’ailleurs, il n’avait aucun espoir de rejoindre, et qu’on pouvait même croire en sûreté, quelque violentes que pussent être ses émotions en ce moment, Hartley retourna où le plus pressant danger exigeait ses soins actifs.

Il trouva le malheureux général luttant contre ses domestiques, qui cherchaient à l’empêcher de courir à l’appartement où dormaient ses enfants, et s’écriant d’une voix formidable : « Réjouissez-vous, mes trésors, réjouissez-vous ! il a fui, l’infâme qui aurait proclamé le crime et le déshonneur de votre mère !… il a fui, pour ne revenir jamais, l’enfant dont la vie a causé la mort d’un des auteurs de son existence et l’infamie de l’autre !… Courage, mes enfants, votre père est avec vous… il franchira mille obstacles ! »

Les domestiques, intimidés et indécis, allaient lui rendre sa liberté, lorsque Adam Hartley s’approcha ; et, se plaçant en face du malheureux père, il fixa d’un air ferme ses yeux sur ceux du général, en lui disant d’une voix basse, mais sévère… « Insensé, voulez-vous tuer vos enfants ? »

Le général parut ébranlé dans sa résolution ; puis il s’efforça encore de passer malgré le docteur. Mais Hartley, le saisissant des deux côtés par le collet de son habit : « Vous êtes mon prisonnier, dit-il, je vous ordonne de me suivre.

— Ah ! prisonnier, et pour haute trahison ! chien, tu auras rencontré ta mort ! »

Le malheureux, dans son délire, tira un poignard de son sein ;