Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/274

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« Un mot encore, » dit M. Grey en ouvrant un petit écrin. « Cette bague précieuse me fut donnée pour ainsi dire malgré moi par votre malheureuse mère. Je n’ai pas le droit de la garder, puisque j’ai été amplement payé de mes soins ; et je l’acceptai seulement dans l’intention de la conserver jusqu’à ce que le moment actuel fût arrivé. Elle peut vous être utile, je pense, s’il s’élevait quelque question sur votre identité.

— Merci encore une fois, ô vous qui fûtes plus que mon père, merci pour cette précieuse relique qui peut, en effet, me rendre un grand service. Vous en serez bien payé, s’il reste des diamants dans l’Inde.

— Inde ! diamants ! s’écria Grey, avez-vous perdu la tête, enfant ?

— Je voulais dire, balbutia Middlemas, s’il existe à Londres des diamants de l’Inde.

— Oh, le jeune fou ! répliqua Grey, comment achèteriez-vous des diamants, et qu’en ferais-je, moi, si jamais vous m’en donniez une centaine ? Voyons, partez pendant que je suis fâché contre vous… » Là, des larmes brillèrent dans les yeux du vieillard… « Si ma colère allait se passer, je ne saurais plus vous laisser aller. »

La séparation de Middlemas et de la pauvre Menie fut encore plus touchante. Le chagrin de l’amante ranima dans le cœur de l’amant toute l’ardeur d’une première affection, et il rétablit sa réputation de sincérité, non-seulement en sollicitant une union immédiate, mais en allant même jusqu’à déclarer qu’il renonçait à ses vues plus splendides, pour assister M. Grey dans son humble profession, si, en agissant ainsi, il pouvait s’assurer la main de sa fille. Mais, quoique cette preuve de la fidélité de Richard eût quelque chose de consolant, Menie Grey n’était pas assez imprudente pour accepter des sacrifices dont Middlemas aurait pu se repentir.

« Non, Richard, dit-elle, il est rare que les choses tournent bien lorsqu’on change, dans un moment de violente agitation, les plans qu’une mûre réflexion a fait adopter. J’ai remarqué depuis long-temps que vos vues s’étendaient bien au delà de l’humble condition qui vous est réservée dans ces lieux. Il est naturel qu’elles soient aussi ambitieuses, puisque les circonstances qui accompagnèrent votre naissance semblent vous réserver rang et fortune. Allez donc chercher cette fortune et ce rang. Il est pos-