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CHAPITRE IV.

les deux apprentis.


Dick avait acquis une haute renommée, puisqu’il s’occupait de médecine ; mais Tom était regardé par toute la ville comme le meilleur politique.
Tom et Dick.


À l’époque où le docteur Grey entreprit l’éducation de son jeune pensionnaire, les amis d’un jeune homme nommé Adam Hartley lui proposèrent de le recevoir aussi en qualité d’apprenti. Il était fils d’un respectable fermier anglais de la frontière, qui, élevant son aîné pour l’état de cultivateur, désirait faire de son cadet un médecin. Il avait pour but de profiter de la protection d’un grand personnage, son seigneur, qui avait offert de l’aider à établir ses enfants, et qui lui représentait que la profession de docteur ou de chirurgien était celle où son crédit pourrait lui servir le plus efficacement. Middlemas et Hartley devinrent donc compagnons d’études. L’hiver, on les mettait en pension à Édimbourg, afin qu’ils suivissent les cours de médecine dont ils avaient besoin pour prendre leurs grades. Trois ou quatre ans s’écoulèrent ainsi, et de simples enfants qu’ils étaient, les deux disciples d’Esculape devinrent peu à peu deux jeunes gens de bonne mine : tous deux bien habillés, bien nourris et le gousset garni d’argent. Ils parvinrent ainsi à être des personnages de quelque importance dans le bourg de Middlemas, où il n’y avait guère de ce qu’on pouvait appeler une aristocratie, mais où les élégants étaient rares et les élégantes nombreuses.

Chacun d’eux avait ses partisans particuliers ; car, quoique les jeunes gens eux-mêmes vécussent ensemble en assez bonne harmonie, pourtant, comme il arrive d’ordinaire en pareil cas, personne ne pouvait vanter l’un sans le comparer en même temps à l’autre, et assurer qu’il l’emportait sur son compagnon.

Tous deux étaient amis du plaisir, passionnés pour la danse, et fréquentaient assidûment les exercices de M. M’Fittoch, maître à danser, qui, voyageant l’été, procurait à la jeunesse de Middlemas, durant l’hiver, l’avantage de ses instructions, au prix de cinq shil-