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son propre fils. Cette affection, l’enfant la payait par toutes les attentions dont son âge était capable.

Le petit Dick se distinguait encore par son très-tendre et très-vif attachement pour son curateur et son bienfaiteur, le docteur Grey. Il était officieux en temps et lieux convenables, tranquille comme un mouton lorsque son protecteur semblait vouloir travailler ou se reposer, actif et assidu à l’aider et à l’amuser quand il paraissait en avoir envie, et, en prévenant ses moindres désirs, il déployait une adresse bien au-dessus d’un âge si peu avancé.

À mesure que le temps s’écoulait, ce caractère déjà si bon semblait encore s’améliorer. Toujours, lorsqu’il s’agissait d’exercices ou de jeux, il était l’orgueil et le chef des jeunes garçons de l’endroit, sur la plupart desquels sa force et son activité lui donnaient une supériorité incontestable. À l’école, ses talents ne brillaient pas avec autant d’éclat : néanmoins il était le favori du maître, professeur habile et sensé.

« Richard n’avance pas vite, disait souvent l’instituteur au protecteur de son élève ; mais au moins avance-t-il d’un pas sûr ; et il est impossible de n’être pas content d’un enfant qui témoigne un si vif désir de donner de la satisfaction. »

L’affection reconnaissante du jeune Middlemas pour son protecteur semblait augmenter avec le développement de ses facultés ; et il trouva un moyen naturel et agréable de la manifester par ses attentions pour la petite Menie Grey. Le moindre désir de l’enfant était une loi pour Richard, et c’était vainement que cent voix criardes l’invitaient à venir jouera cache-cache ou au ballon, s’il pouvait plaire à la petite Menie en restant à la maison, et en bâtissant des châteaux de cartes pour l’amuser. D’autres fois, il voulait que l’on confiât entièrement à ses soins la petite demoiselle, et qu’on le laissât se promener avec elle dans les prairies de la commune, cueillant des fleurs sauvages, ou lui tressant des couronnes de jonc. Menie était attachée à Dick Middlemas, en proportion des tendres assiduités de celui-ci ; et le père voyait avec plaisir chaque nouvelle marque d’attention qui venait à son enfant de la part de son protégé.

Pendant que Richard grandissait dans l’obscurité, devenant joli garçon de bel enfant qu’il était, et approchant de l’époque où, après avoir été un joli garçon, il devait être appelé un beau jeune homme, M. Grey écrivit très-régulièrement deux fois l’année à M. Monçada, par l’intermédiaire que ce monsieur lui avait indi-