Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/204

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cela !… elles lui ont mis en tête l’épaulette, quand il devrait ne songer qu’à son affaire.

— Je suppose que les romans ne trouvent pas grâce à vos yeux plus que les compositions dramatiques et poétiques.

— Oh ! non, pas le moins du monde, M. Coftangry ; ni les productions historiques non plus. Il y a beaucoup trop de batailles dans l’histoire, comme si les hommes ne venaient en ce monde que pour s’envoyer mutuellement dans l’autre. Elle entretient de fausses notions sur la vie humaine, ainsi que sur la fin principale de notre existence, M. Croftangry. »

Tout cela était encore général, et je me déterminai à amener la conversation au fait. « Alors j’ai peur d’avoir agi bien mal en ennuyant de mes sots manuscrits, M. Fairscribe. Mais, ayez la bonté de vous le rappeler, je n’avais rien de mieux à faire que de m’amuser à écrire ces pages malencontreuses. Je puis vraiment alléguer que…

— Oh ! pardon, pardon, M. Croftangry, » s’écria mon vieil ami, se rappelant soudain… « Oui, oui, j’ai été bien malhonnête ; mais j’avais complètement oublié que vous étiez ensorcelé vous-même de ce métier de fainéant.

— Je suppose, répliquai-je, que, de votre côté, vous avez été trop affairé pour jeter un coup d’œil sur mes pauvres Chroniques ?

— Non pas, non pas, dit mon ami ; je ne suis pas non plus si coupable. Je les ai lues morceaux par morceaux, lorsque je trouvais un petit instant, et je crois que je les aurai bientôt finies.

— Eh bien, mon bon ami ? » dis-je interrogativement.

« Eh bien ! M. Croftangry, répliqua-t-il, je trouve vraiment que vous vous en êtes passablement tiré : j’ai noté là deux ou trois petites choses que je présume être des fautes d’impression ; autrement l’on pourrait vous accuser, peut-être, de n’avoir pas donné toute votre attention aux règles de la grammaire, qu’on veut toujours voir rigidement observées. »

Je regardai les notes de mon ami, qui, dans le fait, prouvaient que dans un ou deux passages, il m’était échappé des solécismes tout à fait choquants.

« Eh bien, j’avoue ces fautes ; mais à part ces lapsus accidentels, comment trouvez-vous le sujet et la manière dont je l’ai traité, M. Fairscribe ?

— Ma foi, » répliqua mon ami en s’arrêtant et avec une hésitation plus grave et plus importante que je n’aurais désiré, « il