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LES CHRONIQUES


DE


LA CANONGATE.




CHAPITRE PREMIER.

histoire de m. croftangry racontée par lui-même.


Sic itur ad astra.
Virgile.


« C’est ici le chemin du ciel. » Telle est l’ancienne devise attachée aux armoiries de la Canongate : elle est inscrite avec plus ou moins de convenance sur tous les édifices publics, depuis l’église jusqu’au pilori, dans l’ancien quartier d’Édimbourg, lequel est, ou plutôt était autrefois, à la Bonne Ville ce que Westminster est à Londres ; possédant encore le palais des souverains et ayant eu l’honneur d’être la résidence de la haute noblesse et de la petite. Je puis donc, avec quelque droit, mettre la même devise en tête de l’œuvre littéraire par laquelle j’espère illustrer le nom ignoré jusqu’ici de Chrystal Croftangry.

Le public peut être curieux de connaître un auteur qui place aussi haut ses espérances. L’indulgent lecteur (car pour tout autre je ne consentirais point à m’étendre si loin, étant fort de l’humeur du capitaine Bobadil[1]), l’indulgent lecteur, dis-je, apprendra donc, avec quelque satisfaction, que je suis un gentilhomme écossais de l’ancienne école, et possesseur d’une fortune, d’un caractère et d’un physique auxquels le temps n’a pas laissé de faire quelque tort. Je suis dans le monde depuis quarante ans, et je puis m’intituler homme, presque depuis cette époque. Je ne pense pas que le monde se soit beaucoup amélioré depuis lors : mais je garde cette opinion pour moi, quand je suis avec des jeunes gens ; car je me rappelle que, dans ma jeunesse, je me moquais des sexagé-

  1. Personnage fanfaron du drame de Ben Johnson. a. m.