Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/184

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de s’adresser à Robin : « nous ne pouvons en rester là, dit-il, il faut jouer des mains, ou nous serions la risée de tout le pays. Le diable m’emporte si je te blesse : je mettrai des gants, si tu veux. Allons, avance-toi comme un homme.

— Pour être battu comme un chien, reprit Robin : y a-t-il là quelque raison ? Si vous croyez que je vous ai offensé, que je vous ai fait quelque tort, je suis prêt à aller chez votre juge, bien que je ne connaisse ni lui ni son langage. »

Un cri général s’éleva alors : « Non, non, point de loi ! point de juge ! poings contre poings ? et vous serez amis après.

— Mais, continua Robin, si je dois me battre, je n’ai pas, comme les singes, le talent de le faire avec mes mains et mes ongles.

— Eh bien, comment voulez-vous vous battre, lui demanda son antagoniste, quoique je commence à croire qu’il sera difficile de vous amener là de quelque manière que ce soit ?

— Je veux me battre à l’épée, et baisser la pointe au premier sang répandu, comme un gentilhomme. »

Un bruyant éclat de rire suivit cette proposition qui, dans le fait, avait plutôt échappé au cœur gonflé du pauvre Robin, qu’elle n’avait été dictée par son bon sens.

« Gentilhomme ! pouah ! » répéta-t-on de toutes parts avec des éclats de rires inextinguibles ; « un beau gentilhomme en vérité ! Ralph Heskett, ne peux-tu procurer deux épées à ce gentilhomme ?

— Non, mais je puis envoyer quelqu’un à l’arsenal de Carlisle, et leur prêter deux fourches pour s’exercer en attendant.

— Silence ! dit un autre ; les Écossais viennent au monde coiffés de leur bonnet bleu, et tout armés de leur poignard et de leur pistolet.

— Il vaudrait mieux envoyer en poste, dit M. Fleecebumpkin, chercher le seigneur de Corby Castle, pour servir de second à ce gentilhomme. »

Au milieu de ce torrent de sarcasmes, le montagnard porta sa main par instinct sous les plis de son plaid.

« Non, il vaut mieux que cela ne soit pas, » se disait-il dans son langage des montagnes ; « mais malédiction sur ces pourceaux qui ne connaissent ni convenances ni politesse !

— Faites place, tous tant que vous êtes, » dit-il en s’avançant vers la porte. Mais son ancien ami interposa sa robuste personne pour l’empêcher de sortir de la maison, et Robin Oig ayant es-