Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/175

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Cet ami de Robin Oig était un jeune Anglais, nommé Harry Wakefield, bien connu dans tous les marchés du nord, aussi renommé et aussi estimé dans sa classe que notre bouvier montagnard. Il avait près de six pieds de haut, et il était doué de formes vigoureuses, propres à lui faire jouer un rôle distingué dans la lutte de Smithfield et dans les autres combats à coups de poignet bien qu’il eût trouvé ses maîtres parmi les professeurs en titre de l’art de boxer, il était parfaitement capable de mettre hors de combat tout novice rustique comme lui ou tout amateur de seconde force. Il paraissait dans toute sa gloire aux courses de Doncaster, pariant sa guinée, et toujours avec succès ; et il n’y avait pas un combat marquant dans le Yorkshire, où les nourrisseurs de bestiaux sont des personnages célèbres, auquel il n’assistât lorsque ses affaires le lui permettaient. Mais, quoique un peu coureur par caractère, et aimant le plaisir partout où il pouvait le trouver, Harry Wakefield était un homme solide, et le prudent Robin Oig Mac Combich lui-même n’était pas plus attentif aux affaires de commerce.

Ses jours de repos étaient de vrais jours de fête, mais ses jours de travail étaient consacrés avec persévérance aux occupations les plus laborieuses. Par ses manières et son caractère, Wakefield était le modèle des joyeux enfants de la vieille Angleterre, dont les arcs et les longues flèches attestèrent, dans un si grand nombre de batailles, sa supériorité sur les autres nations, et dont les bons sabres sont, de notre temps, sa meilleure et sa plus sûre défense. Il était facile d’exciter sa gaieté : car, d’une constitution robuste, et heureux dans toutes ses entreprises, il était disposé à trouver bien tout ce qu’il voyait ; et les difficultés qu’il pouvait rencontrer de temps à autre étaient, pour un homme de son énergie, plutôt un sujet d’amusement qu’une cause de contrariété. Avec toutes les qualités d’un caractère ardent, notre jeune bouvier anglais n’était pas sans défauts. Il était irascible, quelquefois même querelleur ; et d’autant plus disposé peut-être à soumettre ses disputes à la décision du pugilat, qu’il trouvait peu d’antagonistes capables de lui résister.

Il serait difficile de dire comment Harry Wakefield et Robin Oig devinrent amis intimes ; mais il est certain qu’ils se lièrent étroitement, quoiqu’en apparence ils eussent peu de sujets de conversation, dès qu’il n’était plus question de leurs bœufs. Robin Oig parlait très-mal l’anglais, quand il s’agissait de choses