Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/167

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venu pour me tourmenter afin d’avoir de la copie ; car c’est ainsi qu’ils appellent les feuilles manuscrites qu’on leur donne à imprimer.

— Ah ! que Dieu pardonne à Votre Honneur ! dit Janet ; car ce n’est pas agir selon votre coutume que de donner de tels noms à un enfant orphelin.

— Je n’ai rien autre chose à lui donner, Janet, il faut qu’il attende un peu.

— Eh bien, moi j’ai quelque chose à lui donner pour son déjeuner ; et il pourra attendre au coin du feu, dans la cuisine, jusqu’à ce que Votre Honneur soit prêt : et je crois qu’à ce prix il ne sera pas fâché d’attendre, s’il le faut, toute la journée.

— Mais Janet, » dis-je à mon active surintendante lorsqu’elle rentra dans le salon, après avoir rempli ce devoir hospitalier, « je commence à trouver ce travail d’écrire nos Chroniques plus fatigant que je ne m’y attendais ; car ce petit drôle vient ici pour me demander de la copie, c’est-à-dire, quelque chose à imprimer, et je n’ai rien à lui donner.

— Votre Honneur ne doit pas être embarrassé pour le faire : je vous ai vu écrire assez vite pour en être convaincu. Vous avez tout le pays des montagnes pour sujet, et je suis sûre que vous savez cent histoires meilleures que celle de Hamish Mac Tavish car, à tout prendre, il ne s’agit dans cette histoire que d’un jeune cateran et d’une vieille folle ; et si l’on avait brûlé cette méchante femme comme sorcière, le charbon n’eût pas été perdu. Forcer son mauvais sujet de fils à tirer sur un gentilhomme, sur un Cameron ! Je suis moi-même cousine au troisième degré des Camerons, et mon sang parle pour eux. Et si vous voulez écrire sur les déserteurs, à coup sûr il y en a eu assez sur le sommet d’Arthur’s-Seat, le jour de l’affaire des Mac-Kaas, et de cette autre journée funeste près de Leith-Pier, Ohonari ! »

Ici Janet fondit en larmes et essuya ses yeux avec son tablier. Quant à moi, le sujet dont j’avais besoin venait de se présenter à moi, mais j’hésitais encore à en faire usage. Il en est des sujets comme du temps, ils s’usent à force de servir. Il ne convient qu’à un âne comme le juge Shallow de faire main basse sur les airs que sifflent les charretiers, et d’essayer de les faire passer pour les productions de son génie. Le pays des montagnes, qui offrait autrefois une mine abondante en anecdotes neuves et originales, est maintenant, ainsi que me le disait mistress Baliol à peu près