Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/155

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crimes, qui cependant sont moins des fautes du cœur que des erreurs de jugement. J’ai été jusqu’au point de lui dire qu’en faisant exécuter ce jeune homme, il allait mettre à mort le meilleur soldat de ma compagnie, dans laquelle tous ou presque tous sont remarquables par leur bravoure. Je lui ai expliqué par quel étrange artifice Hamish était devenu innocemment déserteur, et combien peu son cœur avait eu de part au meurtre que sa main avait malheureusement commis. Sa seule réponse a été : « Il y a des visions montagnardes, capitaine Campbell, aussi peu satisfaisantes et aussi vaines que celles de la seconde vue. Un acte de désertion formel peut, dans tous les cas, se pallier par le prétexte de l’ivresse. Le meurtre d’un officier peut aisément se colorer de la raison d’une démence passagère. Non, il faut un exemple, et si celui qui doit en servir est d’ailleurs un bon soldat, l’exemple n’en produira que plus d’effet. » Puisque telle est la volonté immuable du général, continua Campbell en soupirant, ayez soin, respectable M. Tyrie, de préparer le malheureux à subir demain, à la pointe du jour, le grand changement auquel tôt au tard nous sommes tous assujettis.

« Et pour lequel, ajouta le ministre, je prie Dieu de nous préparer tous aussi bien que je tâcherai de le faire à l’égard de ce pauvre jeune homme. »

Le lendemain, dès que les premiers rayons du soleil levant saluèrent les tours grisâtres qui couronnent le sommet de ce bizarre et effrayant rocher, les soldats du nouveau régiment montagnard arrivèrent sur la place d’armes, dans l’intérieur du château de Dunbarton, et, s’étant rangés en ordre, ils commencèrent à descendre les escaliers rapides et les passages étroits qui conduisent vers la porte extérieure, située au pied du même rocher. Les sons farouches et sauvages du pibroch se firent entendre, et furent accompagnés bientôt par les fifres et les tambours qui battirent le chant funèbre.

Le sort du malheureux criminel n’excita pas d’abord dans le régiment cette pitié générale qu’il aurait probablement fait naître s’il avait été condamné seulement pour crime de désertion. Le meurtre d’Allan Break avait donné une couleur bien différente à l’action d’Hamish. Outre que le défunt était fort aimé, il appartenait à un clan nombreux et puissant, dont plusieurs membres figuraient dans les rangs de ce corps. Le malheureux Hamish, au contraire, était peu connu de ses compagnons d’armes, et il n’é-