Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/132

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Comme il traversait le sentier qui conduisait à sa chaumière, il fut surpris d’apercevoir un homme qui, ainsi que lui, était vêtu et armé à la manière des anciens Écossais. La première idée qui lui vint naturellement fut que cet étranger faisait partie aussi du corps d’armée dont les soldats, levés par le gouvernement et portant les armes d’après l’autorité royale, n’étaient pas assujettis aux règlements qui prohibaient les armes et l’ancien costume montagnard. Tout en accélérant le pas pour atteindre son camarade supposé, dans l’intention de lui demander s’il voulait faire le voyage du lendemain de compagnie avec lui, il fut frappé de surprise en voyant que l’étranger portait une cocarde blanche, signe funeste et proscrit. Cet homme était d’une stature imposante, et il y avait dans son extérieur quelque chose de sombre qui semblait ajouter encore à la hauteur de sa taille. Il paraissait plutôt glisser que marcher ; ce qui fit naître dans l’esprit d’Hamish une sorte de crainte superstitieuse sur la nature de l’être qui passait mystérieusement devant lui, dans l’ombre du crépuscule. Il renonça donc à rejoindre l’étranger, mais il le suivit des yeux, croyant, d’après la superstition commune aux montagnards, que l’on ne doit ni s’approcher des êtres surnaturels, ni les éviter, mais qu’il faut les laisser libres de cacher ou de communiquer leurs intentions, selon que leur pouvoir le permet ou que le but de leur mission le requiert.

Sur un monticule situé à côté de la route, et à l’endroit même où le sentier tournait en descendant vers la cabane d’Elspat, l’étranger s’arrêta et parut attendre l’approche d’Hamish. Celui-ci, de son côté, voyant qu’il ne pouvait éviter de passer devant cet être singulier, objet de ses craintes et de ses soupçons, rassembla tout son courage, et s’avança vers l’endroit où s’était placé l’étranger. Celui-ci, à l’approche d’Hamish, lui montra du doigt la cabane d’Elspat, et fit, du bras et de la tête, un geste comme pour lui défendre d’en approcher ; puis, étendant la main du côté de la route qui conduisait vers le sud, il fit un autre geste qui sembla lui ordonner de partir à l’instant et de suivre cette direction. Le moment d’après, cette figure enveloppée d’un plaid écossais avait disparu. Hamish n’aurait pu assurer positivement qu’elle s’était évanouie, parce qu’il y avait en cet endroit des rochers et des buissons en assez grand nombre pour l’avoir cachée ; mais il demeura frappé de l’idée qu’il avait vu l’ombre de Tavish Mhor l’avertissant de commencer sur-le-champ son voyage pour Dun-