Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 2, 1838.djvu/115

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« Dieu vous bénisse, Elspat Mac Tavish ! » Elle regarda l’homme qui s’adressait à elle, dans sa langue, avec cet air mécontent d’une personne dont la rêverie est interrompue mal à propos ; mais le voyageur continua : « Je vous apporte des nouvelles de votre fils Hamish. » Au même instant, cet étranger, qui avait paru à Elspat l’être le moins intéressant, prit à ses yeux l’aspect imposant et redoutable d’un messager descendu du ciel exprès pour prononcer sa sentence de vie ou de mort. Elle s’élança de son siège, et, joignant ses mains par un mouvement convulsif, elle les éleva vers le ciel, tandis que, ses yeux s’attachant fixement sur l’étranger, et tout son corps se penchant vers lui, elle lui adressa, de ses regards avides, les questions que ses lèvres défaillantes ne pouvaient proférer.

« Votre fils vous envoie son respectueux souvenir, et ceci, » dit l’étranger, en mettant dans la main d’Elspat une petite bourse contenant quatre ou cinq dollars.

« Il est parti ! il est parti ! s’écria Elspat ; il s’est vendu au service des Saxons, et je ne le verrai plus ! Dites-moi, Milles Mac Phadraick, car maintenant je vous reconnais, est-ce le prix du sang de mon fils que vous venez de mettre dans la main de sa mère ?

— À Dieu ne plaise ! » répondit Mac Phadraick, tacksman ou fermier qui régissait une étendue considérable de terre sous un chef, riche propriétaire, vivant à environ vingt milles de distance ; « à Dieu ne plaise que je fasse jamais aucun mal, soit en parole, soit en action, à vous ou au fils de Mac Tavish Mhor ! Je vous jure, par la main de mon chef, que votre fils est en parfaite santé, et qu’il vous verra bientôt : quant au reste, il vous le dira lui-même. »

À ces mots, Mac Phadraick se hâta de reprendre le sentier escarpé, et, lorsqu’il eut regagné la route, il s’élança sur son cheval et partit au galop.