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comme leur bien propre les troupeaux et les moissons des habitants des basses terres, toutes les fois qu’ils avaient le moyen de les enlever, et ils n’avaient pas le moindre scrupule à l’égard du droit de propriété. Hamish Mhor raisonnait à ce sujet comme le vieux soldat crétois :

Mon épée et mon bouclier
De tout savent me rendre maître ;
Celui qui craint de manier
La lance ou la lame d’acier,
Devant la mienne doit plier,
Et les biens du lâche ou du traître
Sont à moi sur chaque sentier.

Mais ces jours de déprédations périlleuses, quoique souvent couronnées de succès, devinrent plus rares après la malheureuse expédition du prince Charles-Édouard. Mac Tavish Mhor n’était pas resté oisif dans cette circonstance, et il fut proscrit comme traître envers l’État, et comme voleur et cateran. Des garnisons furent établies dans un grand nombre de places où jamais on n’avait encore vu d’habits rouges, et le tambour saxon retentit jusque dans les retraites les plus impénétrables des montagnes. Le funeste sort qui menaçait Mac Tavish devint de plus en plus inévitable, et ce qui réduisit encore ses moyens de défense et de fuite, c’est qu’Elspat, au milieu de ces jours de malheur, avait augmenté sa famille d’un enfant qui était un obstacle considérable à la rapidité de leurs mouvements.

Enfin, le jour fatal arriva. Le célèbre Mac Tavish Mhor fut surpris dans un défilé par un détachement de Sidier Roy[1]. Sa femme le seconda héroïquement, chargeant son fusil à propos ; et comme ils occupaient un poste presque inexpugnable, peut-être serait-il parvenu à s’échapper, si les munitions ne lui avaient pas fait faute. Mais les balles finirent par lui manquer. Ce ne fut cependant qu’après qu’il leur eut envoyé tous les boutons d’argent de son habit que les soldats, cessant de redouter ce tireur infatigable qui avait tué trois des leurs et fait un grand nombre de blessés, s’approchèrent de sa forteresse, et, ne pouvant le prendre vif, le tuèrent après la résistance la plus désespérée.

Elspat, témoin de cette sanglante défaite, y survécut ; car l’enfant qui ne pouvait trouver d’appui qu’en elle lui donnait de

  1. Ces deux mots celtiques signifient red soldiers ou soldats rouges, ainsi désignés à cause de l’uniforme rouge des soldats anglais. a. m.