Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/450

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geance éclatante. — Je marcherai contre eux avec le ban et l’arrière-ban de France, l’oriflamme déployée. — Non, non, c’est plus qu’il ne faut, plus qu’il ne convient. La présence de votre garde écossaise et de deux ou trois cents lances d’élite suffira pour montrer que vous agissez librement. Une armée considérable pourrait… — Me rendre libre en réalité, voulez-vous dire, beau cousin ? Eh bien, vous fixerez vous-même le nombre des troupes qui devront me suivre. — Et, pour prévenir désormais tout motif de discorde, vous consentirez au mariage de la comtesse Isabelle de Croye avec le duc d’Orléans ? — Beau cousin, vous abusez de ma courtoisie. Le duc est fiancé à ma fille Jeanne. Soyez généreux : cédez sur ce point, et parlons plutôt des villes fortes sur la Somme. — Mon conseil réglera ce point avec Votre Majesté ; quant à moi, j’ai moins à cœur une augmentation de territoire, que la réparation des injures que j’ai reçues. Vous vous êtes immiscé dans les affaires de mes vassaux, et vous avez voulu disposer de la main d’une pupille du duché de Bourgogne selon votre royale volonté ; en bien ! puisque Votre Majesté s’est chargée de ce soin, qu’elle marie la comtesse Isabelle à un membre de sa propre famille ; autrement, notre conférence est rompue. — Personne ne me croirait, si je disais que j’y consens volontiers ; jugez donc, beau cousin, de mon extrême désir de vous obliger, quand je vous promets, bien malgré moi, que si les parties y consentent et obtiennent une dispense du pape, je ne m’opposerai pas au mariage que vous proposez. — Tout cela peut être facilement arrangé par nos ministres, et nous voilà redevenus cousins et amis. — Dieu en soit loué ! répondit Louis ; il tient dans ses mains le cœur des princes, et, dans sa miséricorde, les inclinant vers la clémence et la paix, il sait prévenir l’effusion du sang humain… Olivier, » ajouta-t-il à demi-voix en s’adressant à ce favori qui rôdait sans cesse autour de lui comme le démon familier qui ne quitte pas les côtés d’un magicien, « écoute : dis à Tristan d’expédier en toute diligence ce vagabond de Bohémien. »