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de cœur, et défendu les dames qui étaient confiées à sa garde d’une manière dont je me souviendrai long-temps. Jeune archer, viens me trouver dans mon appartement après cette séance ; et tu verras que je n’ai pas oublié ta bravoure. Je vois avec plaisir aujourd’hui que ta modestie égale ton courage. — Viens me trouver aussi, s’écria Dunois ; je te donnerai un casque, mon ami, car je crois que je t’en dois un. »

Quentin leur fit à tous deux un salut respectueux, et l’on reprit son interrogatoire. Sur l’ordre du duc Charles, il produisit les instructions qu’il avait reçues par écrit pour son voyage.

« Avez-vous suivi à la lettre ces instructions, jeune homme ? lui demanda le duc. — Non, mon prince. Elles m’enjoignaient, comme vous pouvez le remarquer vous-même, de traverser la Meuse près de Namur, et cependant j’ai continué de suivre la rive gauche, comme étant à la fois la route la plus courte et la plus sûre pour arriver à Liège. — Et pourquoi ce changement ? — Parce que je commençais à suspecter la fidélité de mon guide. — Maintenant, reprit le duc, fais attention aux questions que je vais t’adresser. Réponds-y avec franchise, et ne crains le ressentiment de qui que ce soit. Mais si tu uses de subterfuge dans tes réponses, je te fais suspendre par une chaîne de fer au haut du clocher de l’église du marché, et là tu appelleras long-temps la mort avant qu’elle vienne te délivrer. »

Un profond silence suivit ces paroles, enfin, ayant laissé au jeune homme le temps qu’il jugea nécessaire pour bien réfléchir à la situation dans laquelle il se trouvait, le duc demanda à Durward quel était son guide, de qui il le tenait, et comment il avait été amené à concevoir des soupçons sur sa fidélité ? Quentin répondit à la première de ses questions en nommant Hayraddin Maugrabin, le Bohémien ; à la seconde, en déclarant que ce guide lui avait été donné par Tristan l’Ermite ; et pour satisfaire à la troisième, il raconta ce qui s’était passé dans le couvent des franciscains, près de Namur, comment le Bohémien avait été chassé de cette sainte maison, et comment, se défiant de ses intentions, il l’avait surpris dans un rendez-vous avec un des lansquenets de Guillaume de la Marck, rendez-vous dans lequel il les avait entendus concerter un plan pour surprendre les dames qui voyageaient sous son escorte.

— « Et ces misérables ?… mais, écoute bien, dit le duc, et souviens-toi que ta vie dépend de ta véracité ; ces misérables ont-