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Votre Majesté, et auxquelles il est bon qu’elle soit préparée. Par exemple, la cession définitive des villes situées sur la Somme. — Je m’y attendais. — De désavouer les Liégeois et Guillaume de la Marck. — D’aussi bon cœur que je désavoue l’enfer et satan. — On demandera des otages, l’occupation de certaines forteresses, ou quelque chose de semblable, pour garantie qu’à l’avenir la France s’abstiendra de pousser les Flamands à la révolte. — C’est quelque chose de nouveau, Philippe, qu’un vassal demande des gages à son suzerain ; mais, passe encore pour cela. — Un apanage convenable et indépendant pour votre illustre frère, l’allié et l’ami de mon maître, la Normandie ou la Champagne, peut-être. Le duc aime la maison de votre père, Sire. — Oui, par la Mort-Dieu ! et il l’aime tant, qu’il ferait volontiers rois tous ceux dont elle se compose. Avez-vous enfin épuisé votre ballot de conjectures ? — Pas tout à fait, Sire : on demandera certainement encore à Votre Majesté, de s’abstenir de molester, comme elle fit naguère, le duc de Bretagne, et de cesser de lui contester ainsi qu’aux autres grands feudataires le droit qu’ils ont de battre monnaie et de s’intituler ducs et princes par la grâce de Dieu. — En un mot, de faire de mes vassaux autant de rois ! Sire Philippe, voudriez-vous faire de moi un fratricide ? Il vous souvient de mon frère Charles ; il ne fut pas plus tôt duc de Guienne qu’il mourut[1]. Et que restera-t-il de plus aux descendants de Charlemagne, lorsqu’ils auront été dépouillés de ces riches provinces, que le droit de se faire répandre de l’huile sur la tête à Reims, et de dîner assis sous un dais somptueux ? — Nous diminuerons les inquiétudes de Votre Majesté à cet égard, en lui donnant un compagnon dans cette dignité solitaire. Le duc de Bourgogne, quoiqu’il ne demande pas, quant à présent, le titre de roi indépendant, désire cependant être affranchi à l’avenir des marques abjectes de sujétion exigées de lui à l’égard de la couronne de France. Son intention est de fermer sa couronne ducale par un quart de cercle, à l’imitation de celle de l’empereur, et de la surmonter d’un globe, emblème de l’indépendance de ses domaines. — Et comment le duc de Bourgogne, » s’écria Louis en se redressant et avec une émotion qui ne lui était pas ordinaire ; « comment un vassal qui a prêté serment à la couronne de France, ose-t-il proposer à son suzerain des conditions qui, par toutes les lois de l’Europe, en-

  1. Louis n’avait qu’un frère ; ici l’auteur lui en suppose deux.