Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/398

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cueilli ? la honte et l’emprisonnement ! — Non, répondit l’astrologue ; la fin n’est point encore venue ; avant peu, ta propre bouche avouera que l’avantage est de ton côté, lorsque tu auras appris de ton messager lui-même la manière dont il a rempli sa mission. — C’est par trop d’insolence ! s’écria le roi ; tromper et insulter en même temps ! Retire-toi ! et n’espère pas que ta perfidie reste impunie : il y a un ciel au-dessus de nous ! »

Galeotti se dirigea vers la porte de l’appartement. « Un instant, lui dit le roi, tu soutiens bravement ton imposture ; réponds encore à une question, et réfléchis avant de répondre : peux-tu, à l’aide de ta prétendue science, prédire l’heure de ta mort ? — Je ne le puis qu’en la mettant en rapport avec la dernière heure d’une autre personne. — Je ne te comprends pas. — Eh bien ! comprenez-moi donc, ô roi Louis ! Tout ce que je puis dire avec certitude de mon trépas, c’est qu’il précédera exactement de vingt-quatre heures celui de Votre Majesté. — Que dis-tu ? » s’écria le roi en changeant de visage. « Attends, attends un moment ; ne t’éloigne pas encore. Tu dis que ma mort doit suivre la tienne de si près ? — Dans l’espace de vingt-quatre heures, » répéta Galeotti d’un ton assuré, « s’il existe une étincelle de vérité dans ces brillantes et mystérieuses intelligences qui parlent, quoiqu’elles n’aient pas de langues. Je souhaite une bonne nuit à Votre Majesté. — Un instant, un instant ; reste, » dit le roi en le retenant par le bras et en l’éloignant de la porte. « Martius Galeotti, j’ai été pour toi un bon maître… je t’ai enrichi… j’ai fait de toi mon ami… mon compagnon… le directeur de mes études. Parle-moi franchement, je t’en conjure. Y a-t-il dans cet art que tu professes quelque chose de vrai, d’infaillible ? La mission de cet Écossais me sera-t-elle véritablement avantageuse ? Et la longueur de ma vie est-elle si exactement mesurée sur la tienne ? Conviens franchement, mon cher Martius, que tu ne parles ainsi que pour ne pas renoncer au jargon de ton métier ; conviens-en, je t’en prie, et tu n’auras pas lieu de regretter ta franchise. Je suis vieux ; je suis prisonnier, et probablement à la veille de perdre un royaume. Dans une telle situation, la vérité vaut des empires, et c’est de toi, mon cher Martius, que j’attends ce trésor inestimable. — Et je l’ai mis aux pieds de Votre Majesté, dit Galeotti, au risque de vous voir, dans un accès d’aveugle colère, vous tourner contre moi pour me déchirer. — Qui ? moi ! Galeotti ? Hélas ! que tu me connais mal ! » reprit Louis d’un ton doucereux. « Ne suis-je pas captif ? ne dois-je