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figures exprimant l’enthousiasme et la joie qui les animaient ; « il convient qu’il est archer de la garde écossaise de Louis, de Louis, le gardien des libertés de la ville de Liège ! »

Un cri unanime s’éleva, et ces paroles retentirent de tous côtés : « Vive Louis de France ! vive la garde écossaise ! vive le brave archer ! nos libertés ! nos privilèges ou la mort ! Plus d’impôts ! Vive le vaillant Sanglier des Ardennes ! À bas Charles de Bourgogne ! Ruine et destruction à Bourbon et à son évêché ! »

À moitié assourdi par ce bruit, qui recommençait d’un côté dès qu’il avait cessé de l’autre, et qui, se gonflant et s’abaissant comme les flots de la mer, s’accroissait à chaque instant par les milliers de voix qui, partant des rues et des marchés les plus éloignés, retentissaient dans les airs, Quentin eut à peine le temps de faire une conjecture sur la cause de ce tumulte et de se former un plan de conduite.

Il avait oublié que dans son combat contre le duc d’Orléans et contre Dunois, son casque ayant été fendu par le sabre de ce dernier, un de ses camarades, d’après l’ordre de lord Crawford, lui avait donné pour le remplacer un des bonnets doublés en acier qui faisaient partie du costume des archers de la garde écossaise, costume généralement connu. Or un membre de ce corps dont le service spécial était de garder la personne du roi Louis, paraissant tout à coup dans les rues d’une ville où le nombre des mécontents s’augmentait chaque jour par les intrigues des agents de ce monarque, sa présence devait naturellement être interprétée par les bourgeois de Liège comme l’annonce de la détermination qu’il avait prise de soutenir ouvertement leur cause. La vue d’un seul de ces archers devenait donc pour eux le gage assuré d’un appui immédiat. Il y en eut même parmi eux qui ne craignirent pas d’assurer que les forces auxiliaires du roi entraient en ce moment par une des portes de la ville, quoique personne ne pût dire positivement laquelle.

Quentin reconnut bientôt l’impossibilité de détruire une erreur si généralement adoptée ; il sentit même que toute tentative pour détromper des hommes si obstinés dans leur opinion pourrait lui faire courir quelques risques personnels auxquels il ne vit aucune nécessité de s’exposer. Il prit donc à la hâte la résolution de temporiser et de se tirer d’embarras du mieux qu’il pourrait ; cette résolution, il s’y arrêta pendant que la foule le conduisait à l’Hôtel-de-Ville, où les plus notables habitants se rassemblaient déjà