Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 19, 1838.djvu/117

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ils entrèrent un à un ; mais lorsque Quentin parut, les sentinelles croisèrent leurs piques, et lui ordonnèrent de s’arrêter tandis que les arcs et les arquebuses étaient dirigées contre lui du haut des murailles. Cette preuve d’une sévère vigilance fut donnée, quoique le jeune étranger arrivât en compagnie de gens de la garnison qui faisaient eux-mêmes partie du corps auquel appartenaient les sentinelles.

Le Balafré, qui était resté à dessein à côté de son neveu, donna les explications nécessaires ; et, après une assez longue hésitation, Quentin fut conduit sous bonne garde à l’appartement de lord Crawford.

Ce seigneur était un des derniers restes de cette vaillante troupe de lords et de chevaliers écossais qui avaient si long-temps et si fidèlement servi Charles VII dans les guerres sanglantes qui décidèrent l’indépendance de la couronne de France et l’expulsion des Anglais. Dans sa jeunesse, il avait combattu à côté de Douglas et de Buchan, avait suivi la bannière de Jeanne d’Arc, et était peut-être un des derniers de ces chevaliers écossais qui avaient mis tant d’empressement à défendre les fleurs de lis contre les anciens ennemis de l’Écosse. Les changements qui avaient eu lieu dans ce dernier royaume, et peut-être l’habitude qu’il avait contractée du climat et des mœurs de la France, avaient ôté au vieux baron toute idée de retourner dans sa patrie, d’autant plus que le poste élevé qu’il occupait dans la maison de Louis, et son caractère franc et loyal, lui avaient donné un grand ascendant sur le roi. Quoique, en général, il fût peu disposé à croire à la vertu et à l’honneur, ce prince avait une confiance entière dans les sentiments de lord Crawford, et lui accordait une influence d’autant plus grande qu’il ne se mêlait jamais d’autres affaires que de celles qui avaient rapport à ses fonctions.

Le Balafré et Cunningham suivirent Durward et son escorte dans l’appartement de leur capitaine, dont l’air de dignité, et le respect que lui témoignaient ces fiers soldats, qui semblaient n’en avoir pour personne, fit une forte impression sur le jeune Écossais.

Lord Crawford était d’une taille élevée ; l’âge l’avait amaigri ; mais il conservait toute la force, si non l’élasticité de la jeunesse, et il était en état de supporter le poids de son armure pendant une marche aussi facilement que le plus jeune cavalier de sa troupe. Il avait les traits durs, le visage couvert de cicatrices et noirci