Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/9

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conviendront tous que le destin de Christian et le contraste de son caractère avec celui de l’ambitieuse et vindicative comtesse de Derby, fameuse pendant les guerres civiles pour sa courageuse défense de Latham-House, contient le fond d’un sujet attachant. Je me suis pourtant peu étendu sur la mort de William Christian ou sur la manière dont Charles II regarda cet abus du pouvoir féodal, et la forte amende qu’il imposa aux états de Derby, pour cette extension de juridiction dont la comtesse s’était rendue coupable ; encore moins ai-je omis quelque opinion sur la justice ou la culpabilité de cette action, qui est aujourd’hui jugée par le peuple de l’île selon qu’il se trouve attaché à celui qui a souffert, ou peut-être, selon l’œil favorable dont il regarde les cavaliers ou têtes-rondes de ces temps de querelles. Je pense n’avoir fait injure ni à la mémoire de ce gentilhomme, ni à aucun de ses descendants en sa personne ; en même temps, j’ai donné bien volontiers à son représentant l’occasion d’établir dans cette nouvelle édition ce qu’il croit nécessaire à la défense d’un de ses ancêtres. Je ne pourrais moins faire, vu la manière noble et polie dans laquelle M. Christian exprime sur son aïeul des sentiments auxquels on ne pensera pas qu’un Écossais puisse rester indifférent. D’un autre côté, M. Christian se plaint avec raison de ce qu’Édouard Christian, décrit dans le roman comme le frère du gentilhomme exécuté en conséquence de l’acte arbitraire de la comtesse, est dépeint comme un misérable d’une dépravation sans bornes, ayant seulement l’esprit et le courage de se mettre en sûreté contre l’exécration et la haine. Quelque allusion personnelle était entièrement involontaire de la part de l’auteur. L’Édouard Christian du roman est une créature de pure imagination. Il était assez naturel que les commentateurs l’identifiassent avec un frère de William Christian, nommé aussi Édouard, qui mourut en prison après avoir été détenu sept ou huit ans dans Peel-Castle, en l’année 1650. Je n’avais pas la moindre connaissance de ce frère, et ne me doutant pas qu’une telle personne existât, on pourrait difficilement soutenir que j’ai trouvé son caractère. Il suffit pour ma justification de savoir qu’à cette époque vécut un nommé Édouard Christian. Avec qui était-il lié, de qui était-il fils, je l’ignore parfaitement ; mais comme nous savons qu’il a été compromis assez gravement, nous pouvons le regarder comme coupable de quelque acte répréhensible. En effet, le 5 juin 1680, Thomas Blood (le fameux voleur de couronne), Édouard Christian, Arthus O’Brien, et d’autres en-