Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/88

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de Derby dans la maison de Marguerite Stanley. — Tu es devenue une héroïne dans toute la force du terme, Marguerite. — Deux sièges et des alarmes sans nombre peuvent m’avoir donné quelque présence d’esprit ; quant à mon courage, il ne vaut guère mieux qu’autrefois. — Présence d’esprit est courage ! La véritable intrépidité réelle ne consiste pas à être insensible au danger, mais à le braver et à le surmonter avec promptitude ; et peut-être aurons-nous besoin bientôt de toute celle que nous possédons, » ajouta la comtesse avec une légère émotion, « car il me semble que j’entends le trépignement des chevaux sur le pavé de la cour. »

Au même instant, le petit Julien, transporté de joie et hors d’haleine, entra précipitamment dans la chambre en s’écriant que son papa était de retour avec Lamington et Sam-Brewer, et qu’il lui avait permis de monter sur Black-Hastings pour le conduire à l’écurie. Aussitôt après on entendit le bruit des lourdes bottes du brave chevalier, qui, tout empressé de revoir sa femme, montait les marches de l’escalier deux à deux. Il entra brusquement dans la chambre. Tout son extérieur en désordre prouvait la célérité avec laquelle il avait voyagé ; et, sans voir personne que sa femme, il la saisit avec transport dans ses bras, et l’embrassa une douzaine de fois. Ce ne fut qu’avec quelque difficulté que lady Peveril se dégagea des bras de sir Geoffrey, pour le prier, en rougissant et d’un ton de doux reproche, de faire attention à celle qui se trouvait avec elle dans l’appartement.

« C’est une personne, » dit la comtesse en s’avançant vers lui, « qui est heureuse de voir que sir Geoffrey, quoique devenu courtisan et favori, n’en apprécie pas moins le trésor qu’elle a contribué quelque peu à lui faire obtenir. Vous ne pouvez avoir oublié la levée du siège de Latham-House ? — La noble comtesse de Derby ! » s’écria sir Geoffrey, ôtant avec un profond respect son chapeau orné de plumes et baisant la main qu’elle lui présentait ; je suis aussi enchanté, milady, de voir Votre Seigneurie dans ma pauvre maison, que je le serais d’apprendre que l’on a découvert une veine de plomb dans ma mine de Brown-Tor. Je suis venu en toute hâte, dans l’espérance de vous servir d’escorte dans ce pays ; et je craignais que vous ne fussiez tombée en de mauvaises mains, ayant appris qu’un coquin est chargé d’un warrant décerné contre vous par le conseil. — Quand avez-vous appris cette nouvelle ? de qui la tenez-vous ? — De Cholmondley de Vale-Royal, répon-