Page:Œuvres de Walter Scott, Ménard, traduction Montémont, tome 18, 1838.djvu/560

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jesté de ces dangereux complots, commencèrent à livrer un assaut à la porte de l’appartement, et je les aidai de toute la force que m’a donnée le ciel et que m’ont laissée mes soixante ans. Mais nous ne pouvions pas, comme malheureusement nous en acquîmes bientôt la preuve, exécuter cette tentative avec assez de silence pour que nos gardes ne nous entendissent point : survenant alors en grand nombre, ils nous séparèrent les uns des autres, et forcèrent mes compagnons, en les menaçant de la pique et du poignard, à passer dans un autre appartement peu éloigné ; notre agréable société se trouva donc dissoute. Je fus de nouveau renfermé dans la chambre devenue solitaire, et j’avouerai que je ressentis une espèce de découragement ; mais plus la tempête est violente, comme chante le poète, plus le port de salut est proche, car une porte d’espérance s’ouvrit tout à coup. — Au nom de Dieu, sire, dit le duc d’Ormond, faites traduire l’histoire que nous conte cette pauvre créature, dans la langue du sens commun par quelque romancier de la cour, et alors nous pourrons parvenir à y comprendre quelque chose. »

Geoffrey Hudson regarda d’un air irrité le vieux noble Irlandais dont l’impatience venait enfin d’éclater, et répliqua d’un ton digne, que « c’était déjà bien assez pour un pauvre homme d’avoir un seul duc sur les bras, et que, s’il n’était pas pour le moment si complètement occupé du duc de Buckingham, il n’aurait pas souffert une pareille insulte du duc d’Ormond. — Retenez votre valeur et modérez votre colère ; c’est nous qui vous en prions, très-puissant sir Geoffrey Hudson, dit le roi ; et pour l’amour de moi pardonnez au duc d’Ormond ; mais dans tous les cas, continuez votre histoire. »

Geoffrey Hudson mit la main sur son cœur et s’inclina pour indiquer que, sans déroger à sa dignité, il pouvait se soumettre aux ordres du roi ; puis il annonça qu’il pardonnait au duc d’Ormond, en faisant à ce dernier un geste de la main, accompagné d’une laide grimace qui était, dans son intention, un sourire de clémence et un signe de gracieuse réconciliation. « Sous le bon plaisir du duc, continua-t-il, lorsque je disais qu’une porte d’espérance s’était ouverte pour moi, je voulais parler d’une porte placée derrière la tapisserie, par où arriva cette belle vision, belle d’un éclat sombre, comme l’une de ces nuits continentales où le firmament azuré, pur de tout nuage, nous couvre d’un voile plus aimable que la clarté du jour ! Mais je remarque l’impatience